Azteca
8.4
Azteca

livre de Gary Jennings (1980)

L'une des grandes forces de la narration vient de la neutralité du personnage principal. Tout ce qu'il vit, voit ou décrit l'est de manière précise et détaillée, fourmillant de détails souvent sordides. La neutralité de ce roman est probablement sa plus grande force. A aucun moment on essaie de travestir les faits, d'ailleurs Mixtli ne cherchera jamais à paraître mieux que ce qu'il est vraiment, il assume pleinement ses actes sans jamais se poser en victime ou en bourreau. De même que Jenning ne cherchera pas à vanter le Mexicalt comme un Eldorado perdu ravagé par les conquistadors, leur monde était violent, cruel et violent tout autant que le notre sinon plus. Il n'y a pas cette volonté du "c'était mieux avant" tel qu'on le ressent dans de nombreux romans ou écrits historiques qui ne vivent plus que dans le passé. Jenning avec son humanisme fait tout pour nous le rendre le plus accessible possible avec des personnages qui nous ressemblent, à la fois intelligents, bêtes, égoïstes ou altruistes, et pour certains complètement fous à lier. De même qu'on appellera systématiquement un chat un chat, les aztèques resteront un peuple incroyablement barbare qui vénéraient la mort et la meurtre à travers des sacrifices rituels quasi aussi réguliers que nos jours fériés et des guerres fleuries qui n'avaient que des buts religieux. Toutefois il parvient à nous rendre le récit romanesque, romantique et puissant à chaque instant ce qui n'est pas peu dire.


Le soucis d’authenticité rend le récit d'autant plus prenant qu'il se place aussi du côté de l'élite intellectuelle Mexicalt de l'époque qui en est aux balbutiement de la recherche vers sa propre histoire, chose pas toujours évidente au vu les limites des systèmes de représentations picturales.


Le roman a même pour coup de génie de pousser Mixtli sur la quêtes de ses ancêtres qui n'ont pas accepté les migrations qui ont eu lieu plusieurs siècles avant. Au lieu d'y trouver des semblabless, il n'y trouve qu'un village marginal à mille lieux du développement actuel de l'empire Aztèque. De même il m'est apparu brillant que ces mêmes ancêtres lui soufflent les origines potentielles des débuts du sacrifice humain rituel comme étant inspirées par la folie de l'inspiratrice de l'essor ( puis de la naissance) de l'empire aztèque. Cette manière très simple d'apporter un regard critique sur des pans controversés de l'histoire pourrait donner du grain à moudre à tous les imbéciles et les fanatiques qui acceptent les absurdités les plus violentes par peur de se confronter à leurs illogismes. De même que d'arrêter de rejeter l'idée que la coutume, la crainte et la banalité sont elles aussi vecteurs de violence.


Il est très intéressant aussi de voir les différences dans la manière dont les civilisations se sont développées. Là où l'Occident aura développé de manière incontestablement supérieure son armement et ses moyens de locomotion, les aztèques leur sont infiniment supérieurs en matière de médecine et d'hygiène, de même que l'étaient les arabes durant les Croisades


Impossible de ne pas féliciter Gary Jenning pour le travail d'archives qu'a dû représenter l'écriture de ce livre. Les aztèques de même que tous les autres tribus indigènes de cette époque n'avaient pas encore inventé l'écriture, tout ce qui reste de cette époque ne sont que des ruines et des compositions picturales. Couplé aussi à la longueur de l'ouvrage (1200 pages tout de même écrit petit), on ne peut que saluer l'ampleur du travail accompli ici. On peut supposer tout de même un peu d'invention ici et là, en tout cas il me semble difficile voire impossible de décrire précisément l'état précis de ce qu'était le Mexique il y a plus de 500 ans notamment et surtout toutes ces zones isolées noyées par la végétation.


Si je ne devais retenir qu'un seul roman historique ce serait probablement celui-là. Très complet, très fourni, avec des personnages forts et charismatiques et d'une justesse historique rare j'ai eu l'impression d'apprendre de nouvelles choses toute ma lecture durant. On referme toutefois ce roman avec un pointe de tristesse pour cette civilisation aujourd'hui disparue engloutie par une autre qu'on nous vante plus humaine bien qu'on y croit plus vraiment et dont les exemples de massacres commis au nom de l'histoire ou du bon dieu ne manquent pas...

Algernon89
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le 12 avr. 2020

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Algernon89

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