Une histoire de résilience hors du commun

Bakhita c'est avant tout le récit d'un destin incroyable, déjà si romanesque avec toutes ces rencontres et toute cette violence qu'il ne semble rien avoir à y ajouter pour en faire un roman puissant. Et c'est là où Véronique Olmi excelle. On sent le refus d'en rajouter dans l'horreur mais sans faire pour autant d'omission, on décèle un travail de recherche important sans s'interdire pour autant de combler les blancs du récit par des détails d'une grande sensibilité, et finalement la frontière s'efface subtilement entre le vrai et le vraisemblable.
Grâce à la discrétion de l'auteur, Bakhita reste entourée d'une aura mystèrieuse, c'est une femme qu'on admire mais sans toujours la comprendre, elle nous échappe comme elle semble échapper souvent aux autres personnages, comme ceux qui ont vécu des drames qui les ont à jamais placés hors de portée du commun des mortels. Ce roman est d'autant plus fort qu'il nous conduit à nous interroger, à nous indigner en suivant une héroïne qui n'accuse jamais et semble étrangère aux notions de colère ou de vengeance. Avec sa combativité et son envie de vivre extraordinaire mais sans ressentiment, Bakhita restera longtemps dans la mémoire du lecteur, qui ne cessera, lui, de se demander comment on a pu laisser faire ça pendant aussi longtemps dans l'indifférence quasi générale.
Un roman terriblement sombre pour un personnage solaire, et une lecture importante de cette rentrée littéraire.