Becket
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Becket

livre de Jean Anouilh (1959)

Ha ben merde alors ! J'ai acheté le livre en pensant que c'était un livre de Becket. Quelle bonne farce ! Juste parce qu'il est écrit "BECKET" en grand ! C'est dire si je m'y connais en littérature. En plus, je teste vraiment au pif les livres que j'achète. Bon, il y a bien quelques noms qui reviennent et qui du coup attirent mon attention une fois dans les rayons de seconde main... d'ailleurs, j'aurais dû noter toutes les références citées par Woolfe dans "Journal d'un écrivain", parce que j'ai la flemme de parcourir le bouquin juste pour ça...


Bon ben c'était très bien. J'ai vraiment passé un bon moment. Je m'attendais à ce que ça se déroule autrement. À vrai dire, je trouve que tout ce qui se passe après la conversion de Becket est moins approfondi. C'est dommage parce que c'est là où les personnages peuvent devenir les plus intéressants, là où leurs traits de caractère sont éprouvés, là où le lien qui unit les deux personnages principaux se trouvent malmené. Cela reste intéressant, mais les confrontations sont moindre.


J'aime beaucoup les dialogues, je les trouve aussi simples que drôles. Par moment ça me faisait penser aux films des frères Coen. C'est absurde et puis ça met bien en valeur des personnages au trait de caractère fort. J'aimerais bien être capable de construire des personnages aussi typés et puis aussi bien les exploiter. Les échanges sont souvent savoureux grâce à ça parce que l'auteur écrit ses dialogues en tenant compte de ces caractéristiques.


C'est simple d'écriture, mais ça n'empêche pas d'aborder des thèmes fort intéressants. Bon, ça reste toujours en surface, comme pour un film, puisque c'est une pièce de théâtre et non un roman... mais c'est bien. Et puis c'est court. Par moment ça m'a aussi fait penser à du Shakespeare, surtout dans la manière dont les soldats parlent du roi entre eux. Ce n'est pas vraiment une parodie puisque c'était déjà drôle chez Shakespeare dans certaines de ses pièces, donc on parlera plutôt de clin d'oeil, de référence ou d'inspiration.


Bref, "Becket" est assez passionnant à lire même si je suis un peu déçu de la fin (ci-bas j'explique en quoi, mais attention, y a du spoiler !). Je constate que j'ai aussi le film dans une de mes piles de DVD ; ce n'est pas pour tout de suite, hélas, mais je suis content à l'idée que je puisse le voir prochainement !


SPOILER :
En fait, je m'attendais vraiment à ce que Becket triomphe sur son roi. La vraie fin, qui montre Becket vaincu, est pourtant intéressante : elle est à la fois logique et réaliste, c'est-à-dire que le héros adopte un comportement de juste et accepte de mourir selon son nouveau mode de vie. Moi, j'espérais qu'il triomphe tout en restant fidèle à Dieu ; j'espérais que, puisque le Roi est bête, et bien que Becket parvienne à rendre le pouvoir à l'église ; on ne saurait alors si l'homme se venge (après tout, vu son enfance, il a toutes les bonnes raisons de se venger du roi, d'ailleurs il le dit lui-même) ou s'il est juste à fond dans sa nouvelle fonction. Le côté vaincu choisi par l'auteur me paraît un peu facile comme fin. En même temps c'est fort car il n'y a rien de plus beau qu'un homme qui tombe pour ses idéaux. Mais dans ce cas il me manque quelque chose, ça se déroule trop sagement. D'ailleurs les actes III et IV se déroulent tout deux trop facilement, comme si l'auteur se disait qu'il était temps d'amener une histoire et de la terminer ensuite. Alors que les actes I et II sont surtout l'occasion de faire converser ces deux personnages. Mais bon, cela n'enlève rien au plaisir général que le livre procure.

Fatpooper
8
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le 11 févr. 2016

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