Ah non alors il y a plein de choses que j'ai adorées et que je ne pouvais pas m'empêcher de partager avec ma moitié, essentiellement les situations drôles et improbables apportées en première partie par Adrien et ses aventures professionnelles, par Ariane et son imagination tourbillonnante, par les oncles de Solal et leur parler à nulle pareille, par les personnages secondaires qui ont parfois leur parlé à eux, si vrai. Mais l'ombre de Solal plane, cet esprit torturé, déchiré entre le spirituel et le terrestre, rempli de pitié et de dégoût ; Solal joue l'éclipse de ce théâtre plein de soleil. Cette approche lente et opaque, exclusive, disperse tout, détruit tout, jusqu'à garder le cocon de couple, dans un ennui que des violences parviennent à peine à secouer. C'est ça que j'ai regretté le plus je pense, c'est l'abandon de tout espoir d'amélioration de leur relation, c'est les dégâts collatéraux qu'on oublie, c'est la plongée inéluctable dans un destin d'où on ne peut pas se sortir car il est composé de sables mouvants. C'est agréable de prendre le temps de regarder les choses et les gens en profondeur ; c'en est une autre de les presser comme des citrons jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que la silhouette sèche, rachitique et caricaturale. J'ai trouvé la fin poussive et ça m'a d'autant plus frustrée que j'avais adoré beaucoup de scènes. Ainsi que beaucoup des autres livres de Cohen.
Mais peut-être qu'un jour, en relisant, je changerai d'avis. Tant pis pour cette fois-ci !