Codes de triche

Alors qu'on soit bien clair, moi je l'aime bien ce cycle de l’héritage. Un "tolkien-like" un peu niais, qui ne s'écarte pas d'un pouce des codes de la fantasy, mais qui a su installer quelques personnages sympathiques et une trame classique mais qui fonctionne (un gentil frêle avec des pouvoir cachés, un méchant qui-fut-gentil-mais-qui-sombra-dans-la-folie, un "je suis ton père", un magicien avec une barbe, des elfes-rieurs-mais-sages et des nains-grognons-mais-courageux") .

(je rappellerais au lecteur que nous sommes chez Bayard JEUNESSE et que le livre s'adresse donc au public sus-cité).

Seulement, après avoir sortis deux bouquins ou le 'très' jeune auteur a pu faire le fou fou, le problème qui se pose est de taille : Eragon, le héros, est complètement abusé : mage surpuissant, combattant intouchable, mi-humain, mi elfe, mi-nain (si si...), équipé de l'épée de la fin du jeu, entouré de la fine fleur des objets magiques qui savent TOUT faire, et cerise sur le gâteau, le mec chevauche un dragon quasi-immortel supersonique et lui aussi magicien.
On rajoutera qu'il est télépathe et qu'il ne dort pas...

Au final on sait qu'il se sortira de chaque guêpier et le seul suspens réside dans la manière : un petit sort des familles pour rigoler ou juste un coup de l'épée qui tranche même le métal? Ahh à moins qu'il n'utilise un énième artéfact qui traîne dans son sac (on lui en offre 3 à chaque rencontre). Ça frôle même le grotesque parfois : à chaque combat il perd des morceaux, il se pète une dizaine d'os, il saigne des pintes de sang et une fois la baston terminée il prononce un mot et il est comme neuf. Triché.

Donc le plus dur dans ce bouquin, c'est faire abstraction du protagoniste principal pour profiter de l'univers décrit par Paolini, et savourer les interludes comme autant de bouffées d'air frais. En particulier Roran, le cousin d'Eragon que l'on suit en parallèle de l'arc principal et qui lui n'est "qu'un simple humain qui n'a que son courage".

Enfin le livre n'atteint pas la moyenne parce que pendant la première moitiée, il ne se passe RIEN. Eragon passe son temps à faire des gratouillis sur le ventre de sa dragonne, à tailler le bout de gras avec des vieilles connaissances, à festoyer, à étudier les libellules...pffff.