Oublions mes frères, la poésie inexplicable est devenu incompréhensible !

Poésies d'une forme de tristesse mélancolique mais toujours empreinte de l'optimisme que le lecteur saura y trouver à travers un voyage dans l'inconscient. Paul Eluard ne sait pas où il va et c'est un peu normal pour un surréaliste en quête de paysages oniriques, de libération de l'esprit. Le sens est absent, le sens nous manque toutefois les images souvent étranges et déformés à l'instar des peintures de Dali qui ravira Gala à Paul Eluard, sont là. Inspiration très présente au cœur de l'ouvrage cette brisure avec Gala mais encore une fois peu perceptible. Bien sur souvent les mots n'évoquent rien au lecteur mais parfois au détour d'un vers, d'une ligne il est saisi et emmené ailleurs : nulle part ou au pays des rêves ou d'une forme de psyché libéré de toute contrainte. Ce qui touche l'un ne touchera pas forcément l'autre et peut être certains ne trouveront rien ou si peu dans cet assemblage de mots qui vont rarement bien ensemble.
On peut citer pour s'éclairer un peu Léo Ferré qui dans son texte magnifique "Préface" de 1956 et si bien déclamé par Bernard Lavilliers dans son album "Clair Obscur" nous dit :
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, c'est la poésie qui illustre le mot.
Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes: ce sont des dactylographes. Le vers est musique; le vers sans musique est littérature. Le poème en prose c'est de la prose poétique.


Alors quoi ? A quoi bon ?
Après la guerre de 14/18 si meurtrière le courant surréaliste voit le jour enfanté par les valeurs d'une société violente. Politique, religion tout ce que l'on pourrait assimiler au conformisme est rejeté.
Les mots de Paul Eluard respectant les valeurs négativistes DADA et en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale coulent avec la plus grande liberté possible sans souci de règles quelles qu'elles soient comme pour dire : " Voyez, je suis libre, je dis ce que je veux et surtout rien ne me guide et rien ne me dirige". Comment ne pas entendre une petite musique utopique, une petite musique anarchiste.
Ensuite pour l'apprenti poète c'est une grande leçon de liberté comme si une petite voix derrière le texte scandait sans relâche : " Laisse toi aller, oublie les règles qui te contraignent et empêchent les mots de quitter ton esprit librement, laisse sortir on verra après !"


Oui c'est abscons et oui cela n'a aucune importance. Cette poésie n'est pas faite pour unifier et encore moins pour clarifier ou pour guider. Souvent ce sera vide encore plus vide si nous y cherchons une signification. Bien sur on pourra préférer la poésie succulente, si amusante et pourtant si grave d'un Jacques Prévert qui livre plus facilement les messages dont nous avons besoin quand nous lisons.
Dans tous les cas c'est une nourriture intellectuelle qui doit se déguster petit à petit sous peine d'indigestion. Une page par ci, trois pages par là, reprendre au hasard un an plus tard et découvrir dans un texte qu'on avait déjà lu autre chose ou une fois de plus rien du tout.
Au final si l'on se trouve insatisfait peut être vaut-il encore mieux, tout simplement : oublier !

SombreLune
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le 26 oct. 2020

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