Je connaissais le début, je connaissais la fin, et je connaissais en partie ce qu’il y avait entre les deux. Et pourtant, qu’est-ce que j’ai adoré ! Pour un premier livre c’est excellent, et je comprends comment Stephen King a réussi à devenir l’un des auteurs les plus connus au monde.


La forme du roman, qui alterne entre passages narratifs, témoignages, extraits de livres scientifiques… est excellente !
En plus de nuancer l’histoire en nous offrant plusieurs points de vue, elle nous la rend aussi terriblement crédible, le tout en nous donnant des informations qu’il aurait été impossible de connaitre autrement (ou de manière peu convaincante si l’oeuvre avait été sous forme de roman « classique »).
Quant à l’intrigue, vous la connaissez sûrement – au moins en partie – elle est très bonne, touchante et tragique, originale malgré sa simplicité.
Entre pouvoirs psychiques, scènes de chaos (jouissives comme King sait les écrire), fanatisme religieux, dénonciation du harcèlement scolaire et de la maltraitance faite aux enfants… Il n’y a que du bon là-dedans ! (Enfin, pas dans le sens où le fanatisme ou la maltraitance sont de « bonnes choses » hein, ce sont juste des thèmes que j’aime voir être abordés et/ou dénoncés dans les romans. Peut-être pour ça que j’aime tant les romans de King tiens.)


Bon, je dois avouer que je ne me suis pas totalement attachée au personnage de Carrie (qui se laisse un peu trop faire à mon goût, du moins au début de l’histoire), mais il est impossible de se la représenter comme un monstre, ce que tout le monde pense d’elle à la fin du roman. Elle respire une sorte de candeur, de naïveté, et malgré tout ce qu’elle peut faire d’atroce (ne me regardez pas comme ça, vous savez tous comment ça se termine) on ne peut même pas lui en vouloir… Eh, on est même parfois un peu de son côté !
Et puis, il faut rendre à King ce qui appartient à King : pour un homme de vingt-six ans, il a réussi à écrire un personnage féminin adolescent avec une grande justesse !
Certains qualifient ce roman de féministe, et ils n’ont peut-être pas tort !


Si Carrie ne m’a pas autant attendrie, c’est peut-être parce que ce sont deux autres personnages qui m’ont bien plus intéressée : Sue Snell et Tommy Ross. (Pauvre Carrie, même dans ton propre roman tu te fais voler la vedette par des élèves plus populaires…)
La première est très touchante dans sa tentative de se faire pardonner par Carrie après lui avoir fait une – très – mauvaise « blague ». Cette lycéenne populaire, qu’on voit tout d’abord comme une petite peste s’en prenant avec ses amies à une jeune fille sans défense, se révèle être simple, mature, profondément gentille (au final), bien plus complexe que ce que l’on imagine d’elle au premier abord.
Quant à Tommy, il est juste gentil.
Quoi, c’est tout ?
Oui, il est juste gentil, mais de manière totalement désintéressé, comme seulement peu de gens le sont, et ça fait du bien de voir l’un des élèves les plus populaires loin du cliché « populaire = superficiel = méchant ».
Donc Sue et Tommy, sont pour moi les meilleurs personnages du livre, à l’opposé des clichés et des personnalités unidimensionnelles que l’on retrouve généralement avec ce genre de personnages « stars » du lycée. (Et le couple qu’ils forment et tout de même adorable tout plein.)


Mais si l’auteur a réussi à capter toute la gentillesse et la candeur dont peuvent être capables les adolescents, il nous montre encore plus à quel point ils peuvent être cruels, en la personne de Chris Hargensen et de Billy
Nolan, son petit ami. (Là c’est même plus des claques qui se perdent, c’est carrément des internements en prison.)
Mais bon, King est aussi très bon pour créer des humains absolument abjectes, et ce à n’importe quel âge, donc ce n’est pas une surprise. (Ceux qui ont lu « Ça » savent de quoi je parle.)

Et en parlant d’humains abjectes, Margaret White, la mère de Carrie, est assez terrifiante elle aussi, de par son fanatisme religieux et son ultra-puritanisme écœurant. J’aurais juste aimé qu’elle soit un petit peu plus développée.


Parce qu’en fait, le seul petit bémol de ce livre, c’est qu’il est trop court.
J’aurais aimé détester la mère de Carrie encore plus, j’aurais aimé d’autres témoignages sur l’enfance de Carrie pour mieux la comprendre et m’y attacher, j’aurais aimé connaître un peu plus les élèves du lycée de Chamberlain avant d’assister à leur fin tragique… Mais bon, est-ce que c’est réellement un reproche que je fais au livre, de dire que je l’ai tellement aimé que j’en veux plus ?

MoonlightReads
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le 29 nov. 2018

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