Un très beau roman, aux allures de conte, qui nous transporte aux confins d'un monde imaginaire empreint de réalisme (ou l'inverse), et qui décrit l'avénement, la grandeur puis la décadence de la lignée Buendia.
On traverse les époques - des prémices de la colonisation avec la fondation du village de Macondo, suivies de l'expansion de Macondo et de son économie florissante grâce à ses nombreux inventions, puis l'arrivée du chemin de fer, jusqu'à l'abandon du village, en passant par les guerres indépendantistes qui secouent le pays - ; on découvre des inventions ; on voyage dans tous les continents tout en restant à Macondo ; on s'émeut d'images ; on suit les rebondissements familiaux et amoureux, parfois heureux, parfois interdits mais toujours passionnels ; on comprend des personnages complexes, mais qui semblent faits de superposition de couches de leurs aïeuls ;
On ne sait que retenir d'un tel roman tant les péripéties sont nombreuses, tant chaque phrase contient son lot d'images et de références, tant les destins personnages, aux noms similaires, s'entremêlent au fil du roman (cf les 12 Aureliano fils). Peut-être, finalement, n'est-ce pas le but d'un tel objet ("Les choses ont une vie bien à elle ; il faut réveiller leur âme, toute la question est là"). La beauté de ce livre semble tenir à son pouvoir évocateur, aux associations virtuoses de mots, à la magie de son réalisme et à l'intemporalité de l'idée de famille - qui réside dans cette magnifique phrase :
Le premier de la lignée est lié à un arbre et les fourmis sont en train de se repaître du dernier
Événements notables : la peste de l'oubli, les inventions des gitans (qui brouillent d'ailleurs la temporalité du roman), les 3 mois de pluie sans discontinuer, l'invasion des fourmis, les 32 guerres perdues du Colonel Aureliano Buendia, les 3000 travailleurs de la Compagnie Bananière exécutés par le pouvoir central, les petits poissons en or, les animaux de caramel, la prophétie de la queue de cochon, les 145 ans d'Ursula