Dans la jungle colombienne, un couple fonde le village de Macondo, loin de toutes la civilisation et du progrès. Ils ne sont plus perméables qu'à la venue des gitans, qui mêlent science et alchimie. Les démonstrations du gitan Melquidades aboutissent à une sorte de prophétie, condamnant la famille à cent ans de solitude.José Arcadio Buendia et sa femme Ursula sont cousins germains, ensemble ils ont fuit ce qui semble être déjà le début d'une malédiction; les couples consanguins engendrent des iguanes ou des enfants à queue de cochon... Résolus à renoncer à toute progéniture, José Arcadio finit pourtant par tuer un homme pour défendre sa virilité des moqueries, et par donner un tournant plus charnel à son mariage.De ce double crime oedipien, le meurtre et l'inceste, est marqué toute la ville de Macondo.Les générations prospèrent, sous le sceau de ce souvenir, qui condamne les membres de la famille Buendia à une vie d'errance parmi leur semblables: autres mais pourtant mêmes.
Sur un fond politique très dense, Gabriel Garcia Marquez peint une fresque aux couleurs de l' Amérique latine; guerres civiles, lutte entre conservateurs religieux et libéraux révolutionnaires, intrusion du capitalisme étranger avec la compagnie bananière....Les hommes de la famille Buendia sont partagés entre deux patronymes, les José Arcadio, au caractère fort et impulsif, et les Auréliano plus rêveurs et utopistes. Tous connaissent au moment de leur mort désillusion ou déraison.Les femmes sont soit d'une beauté incroyable, qui sème la misère des hommes malgré elles, ou alors, à l'image de la matriarche, Ursula, elles ont lucides et pourtant impuissante: "tout se répète, le temps ne passe pas, il est en boucle".Figure de Tirésias indienne, Ursula perd la vue mais s'oriente dans un univers aux liens confus.
Et pourtant Macondo connaît différents âges, des petites masures bâtis par José Arcadio Buendia, à l'expansion de la ville avec le train et l'exploitation américaine, jusqu'à la décadence, la ville traverse le déluge et ploie face à l'ouragan, jusqu'à ce que la boucle soit finalement bouclée; l'union d'une tante et de son neveu, et la naissance d'un enfant à queue de cochon.Par la rupture du tabou originel de l'inceste, Macondo traverse les âges de l'humanité biblique, jusqu'à sa destruction.
Gabriel Garcia Marquez conte avec simplicté cette épopée pourtant immobile, de ce qui est en fait tous les âge de l'homme.
Emma Breton
madamedub
8
Écrit par

Créée

le 22 juil. 2011

Critique lue 454 fois

2 j'aime

madamedub

Écrit par

Critique lue 454 fois

2

D'autres avis sur Cent ans de solitude

Cent ans de solitude
JZD
10

La Malédiction Buendia et l'avènement de la poussière.

Ce soir, V. m'a dit : "J'ai pensé à toi jeudi justement. Un mec avait piétiné et arraché des pages de Cent ans de solitude sur le parvis de la préfecture de Cergy. J'ai reconnu le perroquet sous la...

le 7 juil. 2012

65 j'aime

21

Cent ans de solitude
Babalou
10

"C'est comme si le monde faisait des tours sur lui-même"

Quel livre extraordinairement peuplé ! Outre les personnages, hauts en couleur et franchement inoubliables, on y trouve aussi leurs relations incroyables, les légendes du village, les croyances...

le 12 févr. 2011

49 j'aime

15

Cent ans de solitude
Hypérion
10

L'amérique du sud fantasmée

100 ans de Solitude, c'est avec Terra Nostra LE livre qu'il faut lire pour comprendre l'esprit de l'amérique du Sud. Un continent où fusionnent des modes de pensées incompatibles, la magie et la...

le 22 sept. 2011

38 j'aime

10

Du même critique

Rien ne s'oppose à la nuit
madamedub
8

Critique de Rien ne s'oppose à la nuit par madamedub

Delphine de Vigan, que l'on avait pu rencontrer avec "Jours sans faim" ou le plus récent "No et moi" signe un nouveau roman, consacré à la vie de sa mère: "Rien ne s'oppose à la nuit", titre emprunté...

le 18 sept. 2011

27 j'aime

2

Le Mépris
madamedub
10

Critique de Le Mépris par madamedub

« Le mépris« , pour beaucoup de gens, c'est avant tout le célèbre film (1963) de J. L. Godard, avec Brigitte Bardot. Mais il s'agit avant tout du livre d'Alberto Moravia, auteur italien réputé entre...

le 4 mai 2012

13 j'aime

1

Sartoris
madamedub
10

Critique de Sartoris par madamedub

Dans l'Amérique du sud qui lui est familière, William Faulkner narre une nouvelle fois les thèmes qui lui sont chers: les grandes familles du Sud déchues par la guerre de Sécession, les communautés...

le 9 févr. 2012

9 j'aime

1