"Chroniques d'une station-service" d'Alexandre Labruffe : la magie du banal

Raconter la vie d’une station-service de l’intérieur. Pour un premier roman, le pari était osé, et Alexandre Labruffe l’a relevé dans Chroniques d’une station-service paru en mai 2019 aux éditions Verticales. Lettres it be vous livre sa critique !


La bande-annonce


L’avis de Lettres it be


Primo-romancier né en 1974, Alexandre Labruffe n’en est pas moins un homme d’expériences. Ayant travaillé en usine puis dans les Alliances françaises de Chine puis de Corée du Sud, Alexandre Labruffe travaille aujourd’hui sur plusieurs projets artistiques et cinématographiques. Le voilà qui s’essaie à l’écriture avec un premier roman ambitieux qui emporte son lecteur tout droit… dans une station-service.


C’est un pompiste qui vous parle. Ses aventures commencent avec la venue d’un premier client, puis d’un autre. Et encore un autre. Sans arrêt. Pourtant, c’est dans le quotidien le plus plat aux premières apparences que l’on trouve les étincelles de vie les plus brillantes. Et Alexandre Labruffe de nous le rappeler à travers les songes et péripéties amicales et amoureuses de son héros en bleu de travail.


« Je me sens utile maintenant, c’est vrai. J’en connais un bout sur la révolution du sandwich industriel. »


C’est un peu la tarte à la crème quand un auteur brille par sa morosité, sa plume déprimée et un tel récit du quotidien. Mais Alexandre Labruffe enfile sans trop de problèmes le maillot de l’équipe de ces auteurs que l’on pourrait désormais nommer les « comme Houellebecq ». Pourtant, en osant le pari du récit de la station-service, le primo-romancier apporte sa patte, sa touche et son inventivité dans un roman qui s’assume seul et sort de bien des étiquettes qu’on pourrait lui accoler.


À la façon d’un Debout-payé de Gauz ou d’autres romans du genre, Alexandre Labruffe propose avec Chroniques d’une station-service d’entrer directement dans le quotidien d’un pompiste, un Monsieur Tout-le-monde qui œuvre chaque jour dans l’un de ces métiers que l’on ne voit pas, ou plus. Le choix d’une construction parcellaire est séduisant pour donner à ce livre un rythme particulier, le rythme de la vie et des songes. En somme, sur près de 140 pages, Chroniques d’une station-service est un premier roman satisfaisant, qui a de quoi lire. Jolie découverte.


Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-romans/auteurs-de-k-%C3%A0-o/chroniques-d-une-station-service-d-alexandre-labruffe/

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le 20 avr. 2020

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