Chroniques des années noires est un gros roman, foisonnant et parfois longuet. Inscrit dans le genre de l'uchronie, il débute au XIVe siècle avec pour postulat de départ : la grande peste a eu raison de la civilisation occidentale.
Partant de là, Kim Stanley Robinson dévide le fil d'une Histoire où les rôles de moteurs du monde reviennent à la civilisation islamique et à la Chine. Tout cela rend ce roman très dépaysant car on est confronté à des mentalités différentes, des sociétés différentes et surtout, à une Histoire différente.
On suit donc au fil du temps, un petit groupe d'individus, une jâti, qui à travers leurs incarnations successives (la spiritualité bouddhiste et hindoue sont très présentes, forcément), vont traverser et faire l’Histoire.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Stanley Robinson interroge les notions d’humanisme, de tolérance et de religion et construit, petit à petit, ce qui aurait pu être une société utopique. La notion même d’Histoire, est analysée en filigrane et on a même droit à un savoureux passage de dénigrement des « what if » en Histoire, alors même que le roman repose dessus !
Si le roman est bien écrit et très intéressant, il n’est pas exempt de défauts. Certains passages sont longs et presque pénibles à lire tant l’intrigue se traîne. Du coup, la lecture de ce pavé de 1000 pages et quelques est parfois indigeste.
Pourtant, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce texte est empreint d’un humanisme et d’un espoir qui mérite le détour, et l’Histoire alternative de Robinson est suffisamment bien construite pour qu’on se prenne à y croire. C’est un livre beau et touchant.
Á lire si vous vous sentez l’âme d’un voyageur temporel et si vous êtes prêt à supporter les quelques passages trop longs.