« Les feux de Cibola » traite de la colonisation et la découverte de nouveaux territoires, l’appropriation avide de nouvelles terres, la batailles pour des ressources précieuses, des petits bouts de terre dérisoires alors qu’il existe des milliers de monde. Des conflits d’autant plus stupides qu’un grave danger guette. Avec toujours cette vision cynique de l’humanité, qui ne peut décidément pas s’empêcher de se faire la guerre entre elle, et surtout de s’approprier tout ce qu’elle trouve et de s’étendre dès qu’elle le peut.
Après le thriller et l’horreur du tome 1, la guerre et la politique en tome 2, l’aventure et l’exploration en tome 3, le tome 4 continue d’aller plus loin dans la science-fiction, avec la découverte de tout un monde nouveau et hostile, plein de mystères et de dangers cachés.


Le théâtre des opérations se passe cette fois dans un unique endroit, Illus, ou New terra, selon quels « propriétaires » on décide de soutenir. Un monde très éloigné où les humains sont livrés à eux-mêmes. Ce qui veut dire que ceux qui sont édictent les lois ne peuvent intervenir si elles ne sont pas respectées, et il apparaît rapidement que c’est le plus fort qui peut imposer sa loi. Une grande compagnie débarque, légalement propriétaire de la planète selon des procédures édifiées à des années-lumière de là (toute comparaison avec un certain nouveau continent n’est pas fortuite), mais une faction de centuriens s’était posée sur la planète avant que les grandes puissances ne se répartissent ces mondes nouveaux. Pour ces colons, qui ont fui la guerre, le monde sur lequel ils se sont installés est naturellement à eux, ce conteste bien sûr la compagnie terrienne qui entendu bien faire beaucoup de profit. Persuadé de leur légitimité, un groupe va se montrer prêt à tout pour préserver leurs terres, jusqu’à faire couler le sang. Attaqués injustement sur ce qui leur revient, les membres de la compagnie vont à leur tour se sentir légitime de répondre ouvertement par la violence… C’est dans ce contexte tendu qu’est envoyé Holden et son équipe, solarairement connu dans tout le système, bien conscient qu’il sert le jeu politique non dévoilé de ceux qui l’ont envoyé.
Outre un conflit qui menace se de transformer en bain de sang, le nouveau monde va s’avérer révéler bien dangereux. Comme la station où débouche les portes extraterrestres, cette planète est remplie de vestiges aliens qui commencent à se réveiller… avec de nouveaux problèmes provoqués par les contacts avec la biosphère extraterrestre. Les humains font ainsi face à une succession de catastrophes mettant gravement en péril leur survie. De quoi mettre de côté les conflits entre les deux factions, pour un temps du moins…


Comme le tome précédent, des nouveaux personnages sont plus intéressants que d’autres, mais sans inégalités marquantes.
Basa, ceinturien, père du défunt Katoa retrouvé dans le tome 2, a fui Ganymede pour mettre le plus de distance possible avec le lieu du drame. Rempli d’une haine sourde envers l’univers, il refuse néanmoins la violence au contraire de ses compagnons de résistance. Pourtant, il va se faire entraîner malgré lui dans une spirale de meurtres. Il aura cœur ensuite de se racheter.
Le plus intéressant des nouveaux personnages, ambigu moralement, celui qui suscite le plus de compassion, par ses souffrances, ses tourments moraux, son inquiétude pour sa famille qu’il a l’impression d’avoir abandonné. Même si il tend en seconde partie à n’être qu’un pion balloté par les événements.
Elvi est une scientifique douée, plus à l’aise derrière des ordinateurs et un laboratoire que sur le terrain. Très professionnelle, la tête sur les épaules, elle a toujours préférée mettre de côté les relations humaines. Accueilli par un attentat et des gens menaçants, puis une planète déchainée, elle est dans un premier temps dépassée par les événements et tente de rassembler son courage pour trouver des solutions et sauver tout le monde. Quitte à pour y arriver, prêter attention à un aspect de sa vie qu’elle avait négligée… En première partie, elle semble n’être qu’une tête de laboratoire, amourachée d’Holden comme une collégienne. Pas des plus intéressants jusqu’à ce qu’elle gagne en confiance et décide d’agir.
Enfin, Havelock, l’ancien partenaire de Miller sur Cérès. Le Terrien, qui même en travaillant avec eux, n’était jamais arrivé à comprendre la mentalité ceinturienne, pensait alors l’inspecteur. De nouveau sous contrat pour une société terrienne, il est naturellement engagé du côté de ces derniers et compte bien s’acquitter de sa mission loyalement. Mais lorsqu’il s’aperçoit que les actes de son supérieur compromettent la raison même de sa mission, à savoir sauver des vies, il n’a d’autres choix que d’enfreindre les ordres…
Bien que l’on apprécie de retrouver ce personnage secondaire, il semble que Havelock sert plutôt à exposer l’histoire de son point de vue et s’avère être le moins intéressant de tous, même si l’on suit sa storyline sans ennuie.
On remarquera le choix des auteurs de faire intervenir des personnages mentionnés dans les tomes précédents, ou qui leur sont liés (le père de Kratoa), donnant une cohérence appréciable à l’ensemble.


Comme dans les précédents tomes, les auteurs nous livrent des images poignantes, tels Amos et deux scientifiques traversant des paysages extraterrestres dévastées, des vaisseaux en orbite à la dérive contemplant une planète parsemée d’orages, la voyant s’élever, du fait de la rotation du vaisseau, tel un animal gigantesque prêt à les dévorer. Des survivants transits et effrayés réfugiés dans des ruines, tandis qu’un déluge de fin du monde s’abat à l’extérieur.
Du côté des personnages, Alex, le pilote, raconte pour la première fois comment sa passion du pilotage l’a poussé à abandonner sa famille, et Amos, l’homme de main toujours prêt à dégainer, se montre aussi le premier à aller sauver des gens, surtout lorsque des enfants sont concernés. Basa regardant avec une pénible angoisse impuissante le compte à rebours avant la chute du vaisseau et la mort de sa fille.


Peu de réponses concernant la menace qui a détruit la civilisation très avancée de la protomolécule, mais nul doute que le danger devrait devenir la préoccupation centrale dans les derniers tomes, à l’image des Marcheurs Blancs de Game of Thrones.
Délaissant un temps le système solaire, ce 4eme tome y revient à la fin, dévoilant les perturbations que ce nouvel exode pourrait avoir pour les sociétés toutes entières. Suggérant un retour en force de la politique, ainsi que le retour des personnages déjà rencontrés.


Les auteurs n’ont donc rien perdu de leur talent, et si ce tome s’éloigne quelque peu du théâtre d’action principale, cela est très prometteur pour la suite.

Enlak
8
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le 4 oct. 2018

Critique lue 332 fois

Enlak

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