Alors Christian Grey passe à Casto (où travaille notre ingénue), commande des machins qui serrent, des cordes. Le lecteur qui est pas trop con à ce stade de la lecture a compris que c'était destiné à quelqu'un sensé prendre cher dans un futur proche.
Le livre étant écrit à la première personne, la miss de se demander naïvement:
« Tiens tiens, je me demande ce qu'il veut en faire, dis donc dis donc ».
Alors deux solutions :
- Si tu te poses la question, c'est que t'as déjà un peu la réponse, coconne.
- Tu prends le lecteur pour un con, tu appuies sur l'explication pour le cas où il aurait pas compris, car pas foutu d'exprimer la candeur de ton héroïne par l'emploi du "Je", tu t'embourbes dans le pâté.
Plus tard, dans le même esprit le mec lui fait une mix-tape, une compil', (ha la confection d'une compilation pour l'être aimé, cet art de la guerre)
"Je me demande si par ce choix de chanson il ne me glisse un message sous-entendu caché de chut-faut pas le dire- sur ce qu'il ressent au dedans...".
ATTENTION REVELATION
Euh bah oui.
Du coup.
FIN DE LA REVELATION
S'ensuit du -Anastasia est belle, mais ne le sait pas- ("Qui suis je pour qu'il me regarde moi"), Anastasia a des bons goûts littéraires et de modernes goûts musicaux, Anastasia se fait offrir des tas de cadeaux luxueux et crie à la face du monde "Je suis pas une pute! " (car jusque là je pensais lire Jane Austen), et enfin ma scène préférée, Anastasia se fait emmerder par un gros lourd après s'être bien murgée. La scène que tu vois arriver à des kilomètres. J'ai reposé le livre, en priant (Marie mère de Dieu, in the name of Jesus Christ, faites que ce soit pas ça...)
...
Donc le lourd insiste, et une voix calme, grave et posée se fait entendre dans le noir.
Je crois que la demoiselle t'as demandé de la laisser tranquille...
...
Oh putain la chiale.
Christian Grey est un héros. Christian Grey est un mâle protecteur, qui sera toujours là pour toi quand tu t'y attends pas face à un agresseur sexuel.
Je pensais pas qu'on écrivait encore des trucs comme ça depuis 1989.
Je pensais pas que des femmes fantasmaient encore à notre époque sur l'archétype du connard qui couchent avec des mannequins sophistiqués alors qu'il n'attend que toi, l'être normal et unique qui s'ignore pour lui ouvrir les yeux sur la vérité qui va le changer.
Je savais pas que j'entendrai de collègues BCBG pourtant pas nées hier soir balancer:
"Personnellement, ce livre m'a fait découvrir le sado-masochisme".
(m'est d'avis que si t'avais vraiment découvert, t'en parlerait pas l'air de rien devant la machine à café, mais bon)
On avance...