Je cherchais un endroit où amasser quelques textes d'auteurs qui savent trouver les mots pour nous rappeler qu'il ne suffit pas de se mettre une plume dans la main pour avoir l'air d'un artiste. J'ai l'intime conviction que cette page senscritique est vouée par essence à cette tâche.
Si vous voulez contribuer, n'hésitez pas.
Le chien et le flacon, Baudelaire
chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville. »
Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s'approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché ; puis reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi, en manière de reproche.
« – Ah! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. »
Le misanthrope, Molière
quel besoin si pressant avez-vous de rimer ?
Et qui diantre vous pousse à vous faire imprimer ?
Si l'on peut pardonner l'essor d'un mauvais livre,
ce n'est qu'aux malheureux qui composent pour vivre.
Croyez-moi, résistez à vos tentations,
dérobez au public ces occupations ;
et n'allez point quitter, de quoi que l'on vous somme,
le nom que dans la cour vous avez d'honnête homme,
pour prendre, de la main d'un avide imprimeur,
celui de ridicule et misérable auteur.