Les Cinquantes Nuances de Grey plus sombres veulent trop bien porter leur nom.

Vouloir donner une suite en littérature comme au cinéma, c'est avoir une nouvelle matière à proposer pour aller plus loin dans une histoire et proposer d'autres points de vue. EL James, sur ce deuxième livre, rend intéressante le rapport de force entre Christian Grey et Anastasia Steele car il s'équilibre. Le "maniaque du contrôle" s'assagit et est aussi prêt à délaisser ses pratiques SMS pour proposer à sa belle une relation amoureuse plus proches des standards. En ce qui concerne les personnages du passé du magnat, Leïla et "Madame Robinson" (aka Elena), elles participent à un éclairage relatif sur ce deuxième tome. Ce que EL James n'explique pas complètement bien, c'est le rôle irresponsable de la mère biologique de Christian, prostituée droguée, qui ne le laissait pas loin de ses alcôves. En s'aventurant sur ce développement, l'écrivain n'aurait pas évité le sordide mais donner une voix à cette femme perdue n'aurait pas été vain. En la cantonnant à un trauma pour Grey, elle tombe malgré elle dans un politiquement correct qui élude l'élément clé du cause à effet. Même si le lecteur comprend à demi-mot que le comportement sexuel plutôt déviant de Christian Grey est connecté à son enfance. Et quelque part de faire passer avec Anastasia Steele en narratrice que l'homme qu'elle aime ne fut pas seulement une victime collatérale de son passé mais un survivant ayant réussi à avancer avec tout ça dans les bottes (ce qu'il fait). Dans ce cas, ce tome aurait bien porté son nom de cinquante nuances plus sombres. En continuant de décrire Christian Grey comme un hypersensible qui a trop souffert, EL James rend sa dimension positive comme altérée,peu crédible. Les scènes où il se révèle ouvert à la vie,insouciant,amoureux (scène de la péniche) manquent donc de percussion comme on doit le percevoir comme un malheureux qui porte sa croix. Les Cinquantes Nuances de Grey plus sombres veulent trop bien porter leur nom. L'intérêt finira par rejaillir sur la fin quand un personnage mystérieux en arrière plan apparaît comme la future menace du troisième livre même si les cinquances nuances seront plus claires. Le clair-obscur a donc bon dos pour enrober les intrigues diverses d'une histoire, encore faut-il les relier à des descriptions psychologiques en cohérence. Peut-être plus tard. ;-)

Specliseur
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le 25 janv. 2017

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