Trifuj, la force centrifuge, et Tripèt, la force centripète, gouvernent sur la terre, et même un poil au-delà, dans un équilibre parfait


Trifuj et Tripèt Se comptent fleurette Trifuj se la pète Tripèt ça l'embête.


Trifuj rêve d'un amour sans poil, qu'elle imagine au-delà des étoiles


Vacarme abruti Dans des petits coins Serait-ce la vie ? Silence éternel D’espaces infinis Est-il plus joli ? Je pense que oui.


C'est au-delà des planètes qu'elle part chercher Vénus,
au creux des étoiles
amor maximus


Quand on voit d’en bas Les autres planètes On ne voit que ça Qu’elles sont des artistes. Elles errent en quintet Etanches aux colères Ne se crêpent pas Leur chignon d’éther. Chacun à sa place La fête est plus folle, Et Mars en vigie de la farandole !


Vénus à l’arrière Sera la plus belle Je la vois en bleu Tourner dans mes yeux Après c’est le vide, Frontière fatale, La fin du système ! Cimetière ovale L’avide sublime. Mais avant l’abîme : Le divin corpus… Mars Jupiter Saturne Uranus Neptune et Venus, Les jambes sans les poils. L’amour sans cactus.


Tripèt tente de la retenir, en vain, vous vous doutez bien


Tu cours à ta perte ? Tu me reviendras Pleurer dans les bras Suppliant: "Tripèt Ramasse mes miettes !" Et je ne sais pas Si j'aurais de quoi.


Trifuj part et traverse l'espace, planètes après planètes. Sur Mars elle trouve un mouton prisonnier d'une laine de fer. Sur Jupiter, un vieux bouc chevrotant. Sur Saturne, Cronos l'imposteur titan, et son âge d'or encombrant.


Pose-toi bébé, Allonge tes jambes. Veux-tu te baigner ? Vois-tu ce panneau "jacuzzi doré" ? C’est ma salle de bain J’en ai des milliers.


Qu'à cela ne tienne, Trifuj remue l'entropie, continue sa course


Le Transitéther (Le transatlantique
Interplanétaire) Est sitôt lancé Qu'il est arrivé. En formalité. Avec la pratique, Trifuj en chemin, Planplan tout-terrain, D'exacrobatique Convertit son train À l'académique. Trifuj hirondelle Se fait le piéton D'une des rondelles D'Uranus en froid.


Y trouve un nouvel animal, un vieil admirable, un cerf en rût, bramant de la jute,
c'est celui d'ouranos, le tétraceleste, parti chez Cronos, pour une sale affaire,
le cerf, par ailleurs, ne sait pas trop trop ce qu'il y a derrière


Et Trifuj l'embrasse. « Mais saches Trifuj Que court à sa perte Celle ou celui qui A contre les poils... »


Mais Trifuj en fête, n'est déjà plus là, et sur Neptune rencontre un poulpe visqueux, octopode bleu


Regarde Trifuj De l’eau dans les yeux. Devant le chaos, De poils en mêlée, D’épines aiguisées, Elle prend son élan D’un air résigné. Poulpy voit la peur Et l’appréhension, Il sent qu’il y a plus Qu’un simple frisson. - Tu y laisseras Des plumes offusquées. Fusses-tu obligée De faire un parjure, Tu regretteras Toute l'aventure.


Regarde en arrière, N'as-tu rien loupé? Une autre planète Peut-être petite. Elle est blanche et belle, Soeurette et guerrière, Moitié au soleil... - Mais c'est Séléné Que tu décris là ?! (C'est un satellite) Mais elle est maqué Avec la moitié Que tu as cité. - Que tu es aveugle... Trifuj, penche toi, Écoute ma voix : Helios est son frère... Et la Lune en soi Est célibataire !


Les deux derniers vers Sont paroles en l’air. Depuis le mot "frère" Trifuj toute entière N'est déjà plus là.


La lune


« Te voilà enfin,
que je t’attendais !
Depuis ton départ
Tripèt en pétard
Vient me voir souvent
Se montre insistant.
J’ai besoin de lui,
C’est un vrai ami,
Mais son point central
N’est pas mon affaire.
Depuis ta venue
Je me sens légère,
Tu compenses en tours
Sa masse étrangère.
Tu balances en force
L’équilibre instable
Que la moindre entorse
Dérange à l’ouvrage.
Trifuj et Tripèt,
Tripèt et Trifuj,
Je vous aime idem
Mais je t’ai choisie.


Trifuj aux anges


Trifuj s’est, aux anges,
posée sur la toile.
Sa dernière escale
Est songe incarné.
Sa meuf a des ronds
Partout sur le corps
Comme des coussins
Sur lesquels on dort.
Sa meuf a des poils
Qu’elle aime embrasser,
Elle trouve au passage
Sa vraie gravité :
Noyau sans coquille
Tapis comme un loup,
Que voile un losange,
Qu’on ronge en étoile.
Elle découvre ainsi
Qu’elle a elle aussi
Un beau ouistiti :
Un joli joujou
Tout nu en dessous
Comme un jeune hibou
Qui s’envole enfin.


Et Tripèt alors, vous demandez-vous? Il va bien, tout est bien qui finit bien, je vous rassure


Maintenant tripèt
Ramasse les miettes,
Ouvre sa braguette
Et entame, secrète,
Une bonn’ toilette.
« Petit noyau mou
Tapis comme un loup
Qui comme un minou
Ronronne en étoile »
Ce qu’il imagine
Est moins beau qu’en vrai,
Seul un androgyne
Ressent tout en fait.
Mais ça lui suffit,
A Tripèt, veinard,
Pour que, du Tartare,
Des milliers de vies
Comme petit lait
Sortent de l'outil.


Et du sol humide
De désirs avides,
Poussent les eaux calmes
D’un feu refroidi.


Tripèt est ravi.

Vernon79
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le 4 oct. 2018

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Vernon79

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