Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale par litout
« Zulu », le film tiré du livre, sera projeté en clôture du festival de Cannes. Caryl Férey, l'écrivain, se verra certainement convié à monter les marches avec Forest Whitaker et Orlando Bloom, les acteurs principaux de cette coproduction franco-américaine. Une sacrée revanche pour le romancier longtemps abonné au RSA. Cela fera sans doute un chapitre supplémentaire à son récit malicieusement intitulé « Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale ». Une première partie où il raconte ses souvenirs d'enfance, dans cette province glauque, forcément glauque. Une seconde où il détaille, sans complaisance, son parcours du combattant pour devenir un auteur. Les débuts dans la structure créée avec un pote. Petit tirage, première notoriété.
Haka mort-né
Et l'envie d'aller plus loin. Il écrit « Haka », un polar sombre tiré de ses mois d'errance en Nouvelle-Zélande. Le manuscrit est remarqué par un directeur de collection au Seuil. Il passe toutes les barrières jusqu'au comité de lecture. Là, quelqu'un met son veto. Dure loi de la littérature française. Il faut l'unanimité pour passer sur les rotatives. Un seul « non » suffit pour tuer l'espoir. « Ma bombe avait fait long feu. Trois ans de tripaille jetée sur la table et d'espoirs les plus fous pour accoucher d'un pétard mouillé. La nouvelle était cruelle, inattendue. » Énervé, Caryl Férey relance d'autres maisons d'édition. « Haka » trouve une seconde chance chez Baleine. Mais la structure, malgré les milliers de « Poulpe » vendus partout, bat de l'aile. Définitivement maudit, ce polar sera finalement édité mais passera inaperçu.
Finalement les rêves les plus fous de Caryl Férey se sont réalisés. Il est édité chez Gallimard. Dans la prestigieuse Série Noire. Et « Zulu » lui permettra de vendre des milliers de livres. Depuis il est sur un petit nuage, mais ce récit, entre tendresse et amertume, replace ce parcours dans la seule perspective qui compte pour tout apprenti écrivain : la persévérance et le travail.