Première idée excellente du bouquin : mettre en avant autant le journaliste ("nègre" ou presque) que la star qui livre son autobiographie. Pourquoi c'est génial ? Car au-delà d'une dynamique intéressante au sein de l'écriture, cela pourrait presque faire croire qu'Ardisson est obligé de se révéler à un mec qui a passé des mois à faire des recherches sur lui. Argument sans fondement en réalité (Ardisson tort autant la réalité qu'il le désire) mais d'un point de vue marketing, c'est bien vu !

Car tout le sel du livre est là : Ardisson vend un produit, lui-même, en se plaçant tour à tour comme publiciste et invité de son propre show, feintant une mise en difficulté sur certains sujets et jouant la carte du zéro tabou pour se rendre sympathique. Fort Thierry, très fort.

Et quand bien même tout ne serait que mensonge, quelle vie : tour à tour enfant difficile, ado paumé, étudiant médiocre puis DJ estival, romancier, publicitaire, journaliste et animateur télé avant de passer par la case cinéma, Ardisson a tout fait, tout vécu (succès, échecs, excès en tous genres) et affiche un cv aussi long que les rails de coke qu'il se faisait. Confessions d'un baby-boomer, c'est le récit punchy d'un mec mal dans sa peau (arrogant mais se sentant mésestimé, un poil hypocondriaque) qui se la joue à l'américaine et se construit sa propre success-story à force de travail et de relations. C'est le portrait d'un mec des années 80, l'explosion du capitalisme et la vie dorée des gars hype. Keith Richards est le syndrome seventies, Ardisson est l'emblème des eighties, la décennie des libertés et des audaces.

Ardisson, fils de pub, sait soigner son lectorat; gloire lui soit rendue d'avoir offert une autobiographie à la démesure de son talent.
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le 10 août 2014

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