Il y a plus de trente ans, mes collègues de La Poste m'avaient vivement conseillé de lire Buk, non seulement l'un des meilleurs écrivains de sa génération mais en plus un mec super cool et rigolo.
J'avais alors lu deux-trois nouvelles au hasard, qui ne parlaient que de baise et de bitures, et m'avaient laissé sur ma soif et j'avais laissé tomber.
Trente ans après donc, nouvelle tentative et j'ai avalé cette fois-ci tout le pack en entier. Résultat: même goût de bibine bon marché et de baise au rabais mais avec des nuances (de banane?).
Sur les vingt nouvelles seules trois-quatre ont une saveur particulière, et d'abord la première qui est la clé de toutes les autres. Buk demande à la plus belle fille de la ville de vivre avec lui, en sachant que tout le monde la prend pour une cinglée, et la fille refuse.
Quand elle m'a dit ce "non" j'aurais dû insister au lieu de me taire...
Je méritais de crever et je méritais sa mort.
Tout Bukowski est là: mésestime de soi-même, liée à un père alcoolique qui le battait; culpabilité permanente et par conséquent insatisfaction chronique, sur fond de blues et, comme pour donner le change dans cette société de fous la triste posture du clown provocateur, en public et pour l'éternité.
Pour les autres nouvelles c'est que du prévisible (sauf la dernière où on voit un Buk écolo, mais il n'aurait pas aimé le compliment, donc plutôt un Buk clodo amoureux qui va à la maternité voir son gosse!?) j'ai bien aimé la deuxième nouvelle où il se prend deux bonnes poires dans la gueule dans un bar du Texas, (oui, je sais, un rien m'amuse). Pour synthétiser le reste disputes avec des potes, disputes entre putes, baise alternant le vécu et le fantasme:avec une poupée gonflable_ça c'est du vécu_, baise avec trois femmes à la fois, ça c'est probablement du fantasme et puis des considérations profondes (là je suis ironique) sur la nature humaine: les femmes: toutes des connes ou des cinglées; les hommes: des cons ou des tarés. Un sacré humaniste donc,(je suis toujours ironique) c'est ce qui ressort d'ailleurs de la lecture préalable de plusieurs critiques éclairées de SC. Mais il n'aurait pas aimé le mot. Un sacré dégueulasse, ça oui, il aurait aimé...
PS: ce qui turlupine mon esprit scientifique, c'est le nombre de litres d'alcool absorbé par l'auteur par page, par nouvelles et au total; il y a bien quelqu'un qui a déjà dû calculer!