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La chaleur de l’été est étouffante sur la cité phocéenne, et les jeunes issus des quartiers populaires trompent l’ennui en bravant les interdits. En bord de mer, coincée au bord d’une route longeant de belles propriétés, la corniche Kennedy est une petite falaise brute, agrémentée d’une zone bétonnée, et dépourvue de plage. C’est là qu’une petite bande, celle d’Eddy et ses copains, vient sauter depuis différentes hauteurs dans une mer qui n’est pas sans danger, le courant ayant déjà tué quelques intrépides.


Afin d’éviter ces morts inutiles, le maire de la ville est décidé à faire respecter la loi, et demande à la police de veiller à ce qu’aucun gamin ne contrevienne à ses arrêtés. C’est Sylvestre Opéra, un commissaire en surpoids, dégoulinant de sueur dans un bâtiment sans air conditionné, qui sera en charge de protéger son littoral, situé juste en face de l’immense bloc du commissariat. Depuis les toits, équipé d’une puissante paire de jumelles, il surveille d’un œil mi-amusé mi-autoritaire cette bande qui n’aspire qu’à profiter de l’été.


Pour les gamins, il s’agit surtout de se prouver quelque chose, de faire le fier devant les filles et les copains, d’imaginer les prouesses les plus folles et les cris les plus extravagants pendant cette chute, ce temps suspendu où les corps en pleine transformation semblent n’appartenir ni à la terre, ni à la mer, libres de toute entrave. Et c’est Suzanne, une fille de bonne famille qui s’ennuie dans sa villa située un peu plus haut, qui viendra perturber l’équilibre de cette petite bande, en imposant sa présence sur la corniche aux côtés des intrépides sauteurs.


C’est dans cette drôle d’ambiance, lourde de la chaleur d’un été sans air, que Maylis de Kerangal dissèque une fois de plus avec brio une tranche de vie, du côté des ados insouciants où les rapports de forces se jouent encore à des niveaux qui prêtent à sourire, comme du côté de l’autorité, volontairement grotesque face à cette bande rebelle. Un court roman à l’écriture ciselée, fidèle à l’esprit de l’auteur pour les belles histoires au rythme soutenu.

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le 22 févr. 2018

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Brice B

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