Corydon
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Corydon

livre de André Gide (1920)

Livre audacieux dans une époque réfractaire : une défense si véhémente de la pédérastie argumentée par différentes formes de savoir (zoologique, sociologique, philosophique) est un projet qui a pour mérite de bousculer.

Je reste admirateur d'une si courageuse parution mais reste néanmoins sceptique sur de nombreux points... Tout d'abord, ayant déjà lu quelques Gide, je constate que le style pompeux et encyclopédique n'est pas à son honneur ! Le flux de démonstrations pointues et de citations recopiées nous traîne dans des arguments dont ont finis par ne plus savoir l'idée qui les fonde... Des Noms de théoriciens et de livres se succèdent près des italiques interminables (qui ne sont autres que de longues citations des livres cités). On se perd dans la pensée de Corydon, toujours détourné par le narrateur, et même si la pensée peut-être saluée par sa construction et son cheminement, on a parfois l'impression de lire une copie d'élève dont les trois quarts du devoir sont copié-collés sur Wikipédia...

Au-delà de cela, la pensée est très bien amenée et réfléchie... On ne peut que saluer ce travail... Si toutefois la femme n'était pas reléguée au rang de femelle procréatrice qui représente l'hérédité de l'espèce humaine, là ou l'homme en représente la dépense (c'est à dire, les arts, la volupté etc.). C'est un éloge de la pédérastie qui découpe étrangement les parts puisqu'il ne s'agit pas de manquer de respect aux femmes, loin de là ! Mais le rôle que Gide leur donne dans l'espèce humaine est bien bas, et peu noble face à celui des hommes...

Faire basculer les moeurs en choquant la pensée en vogue ; c'est bien. Argumenter intelligemment pour desservir ce basculement ; c'est mieux. Louer la pédérastie ; je n'ai rien contre. Descendre le sexe féminin en le reléguant au statut de femelle procréatrice ; non. Quant on réfléchit pour rendre extrême une pensée élogieuse, on ne peut sciemment devenir extrême contre la pensée réfractaire, c'est malheureusement prouver une faille, une bassesse, dans l'argument. Extrémisme? A méditer.
Rahab
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le 5 févr. 2013

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