Si l'on retrouve dans ce roman des éléments classiques du roman post-apocalyptique (on ne peut s'empêcher de penser à "La Route" de Cormac MacCarthy, ou à "Le mur invisible", chef d'œuvre de récit de survie au féminin), de nombreuses touches très personnelles, nouvelles et fascinantes émaillent ce récit.
Très féminin, voire féministe, ce roman est le récit de la survie de deux sœurs vivant isolées dans une maison en forêt, après ce qu'on devine être un genre d'apocalypse, peut-être pas planétaire, mais du moins au Etats-Unis. Mais la particularité est que ces deux sœurs vivaient déjà avant dans la forêt, avec des parents que l'on devine assez particuliers mais aimants, un peu bohèmes. Sur cet aspect, j'ai repensé au chouette film "Captain Fantastic", où un père essaie d'élever ses enfants "autrement"...
Alors qu'elles essaient de vivre au jour le jour, sur leurs réserves, les deux sœurs vont être confrontées à des difficultés dans leur vie quotidienne : la nourriture, la solitude, le danger, la peur (des thèmes propres aux robinsonades en général, mais très bien abordés), mais aussi dans leurs espoirs de jeunes femmes (elles ont 17-18 ans, et l'une rêve d'entrer à Harvard, l'autre d'être danseuse).
Ce texte est magnifiquement écrit, c'est beau tout simplement ! Il s'en dégage également un véritable pouvoir de fascination, la narratrice (la plus jeune sœur, Nell) nous embarque dans ses espoirs, dans ses accès de folie et de désespoir, dans ses réflexions et péripéties. A la fois introspectif et plein d'action, ce roman réussit un pari original.
Je ne mettrai qu'un seul bémol : le côté un peu "gros" de certains aspects de leur vie quotidienne (surtout dans son évolution dans la seconde moitié), certaines choses sont un peu trop prévisibles et soudaines à mon goût, cela ne sonne pas toujours juste.
Ceci mis à part, "Dans la forêt" est un roman extrêmement réussi, un bijou du récit de survie.