Certains ont une bonne raison pour revenir à Port au Prince, comme Lucine venue annoncer la mort de Nine,sa sœur ou encore Lily, une jeune malade décidée à mourir en terre Haïtienne au milieu de « la vraie vie » et non dans un hôpital Américain. Et puis il y a les autres, ceux qui ont toujours été là, Saul, Vieux Tess, Bourik, Travay, Facteur Sénèque, Prophète Coicou et Pabava.
Laurent Gaudé donne la parole à une cohorte de personnages attachants, au caractère bien trempé.
Mais « Danser les ombres » est aussi le portrait d’une ville, Haïti, odeurs, lumières, chaleur poisseuse, couleurs saturées d’une foule bigarrée, cris des coqs de combat… Et un jour, la terre a tremblé provoquant la mort de 300 000 personnes …
Dans une flamboyante apothéose, Laurent Gaudé, nous entraîne à la suite de ses personnages dans une ronde où les morts côtoient les vivants comme dans une ultime communion pour célébrer ce qui fût, l’amour, l’amitié, la haine aussi.
Chacun à sa façon fera « Danser les ombres » pour continuer à vivre et se libérer du passé.
L’écriture de Laurent Gaudé m’a happée un fois de plus, avec la même puissance que dans ses précédents ouvrages.
J’ai retrouvé dans ce roman sur le drame d’Haïti la même force que dans « Ouragan » qui traitait d’un autre drame, le cyclone dévastateur en Nouvelle Orléans.