Dark Souls – Par delà la mort – Volume 1 souffrait quelque peu de sortir dans les eaux troubles de la série de From Software. Alors qu’il s’affirmait vite dans sa description des prémisses d’une oeuvre et de l’analyse de son univers comme la référence du décryptage narratif des Souls, la partie sur un Dark Souls II en demi-teinte, dont les pistes narratives et ludiques semblaient mener vers des impasses, terminait l’ouvrage dans une incertitude qui fragilisait son écriture.


Le second tome jouit au contraire d’un regain considérable dû aux effets conjoints des sorties de Bloodborne et Dark Soul III auxquels il s’intéresse, nouvelle piste passionnante pour l’un et conclusion éclairante pour l’autre.


La partie sur Bloodborne, un livre à elle toute seule profite du rebond passionnel de ses auteurs pour constituer une analyse très claire d’un lore pourtant extrêmement riche et complexe. Damien Mecheri et Sylvain Romieu trouvent ici, en même temps que From Software et sa tête pensante Hidetaka Miyazaki, une forme d’apogée, littéraire pour les uns, narrative pour les autres. En effet, l’univers viscéralement lovecraftien de Bloodborne, plus resserré dans ses enjeux mais aussi profond que cryptique se prête particulièrement au jeu du récit reconstitué et les admirateurs nombreux de cette itération du studio japonais ne sauraient passer à côté d’un descriptif aussi exhaustif que clair, qui rend justice de la plus belle des manières au travail d’orfèvre de ses concepteurs.


Dark Souls III de son côté bien que l’on sente le duo d’auteurs plus mitigé à son sujet, permet d’apporter, après les errances du deuxième épisode (notamment en terme d’univers), une conclusion qui prise dans l’étude de la série apporte son lot de réponses à des questions laissées longtemps en suspens. De fait, c’est l’occasion pour Mecheri et Romieu de revenir sur les précédents épisodes et l’univers qu’ils partagent avec un oeil plus aguerri et de prendre le recul nécessaire à leur analyse.


On sent par ailleurs que les auteurs ont pris acte des quelques maladresses stylistiques et confusion structurelles qui accidentait par moment la lecture du premier tome. L’écriture est plus propre et on sent des efforts louables dans la construction de leur argumentaire (notamment dans les descriptifs de personnages qui troquent un ordre alphabétique un peu raide pour une progression plus organique et proche du parcours du joueur au sein des jeux).


Malheureusement, le regret principal que je pouvais avoir à la lecture du premier volume n’est que partiellement atténué. Il concerne la superficialité des analyses esthétiques et ludiques qui dans un livre qui tend vers une certaine exhaustivité des approches (comme en témoignent les analyses détaillées de la promotion des jeux, de leur bande sonore ou de leur thématiques) laissent clairement sur sa faim le passionné que je suis. On comprend aisément que la reconstitution narrative, vu le développement cryptique et lacunaire de cette dimension dans la série, nécessite une recherche minutieuse et détaillées ; qu’elle se fasse au détriment de l’analyse des mécaniques de jeu (gameplay, level design, abordés superficiellement), alors même que cette dimension est capitale dans l’apport des Souls au monde du jeu vidéo, reste un manquement qui, encore une fois, passerait si le livre se spécialisait dans une lecture spécifiquement narrative et thématique des jeux, mais qui dans sa prétention à l’exhaustivité, laisse un goût de trop peu.


Cette petite insatisfaction mise à part, l’ouvrage de Damien Mecheri et Sylvain Romieu reste, pour toute personne vouant un certain intérêt à l’univers des Dark Souls et plus encore de Bloodborne, une référence dont on ne saurait se passer.


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le 30 sept. 2017

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