Dense errance

Premier tome de la Trilogie des confins. Comme on pouvait s'y attendre avec un auteur pareil, l'histoire est très simple, sobre, mais vire peu à peu, inévitablement, plus sombre, plus tragique ; l'écriture est d'une densité incroyable, d'une précision redoutable, d'une froideur... mais elle laisse malgré tout respirer le lecteur et l'on est le témoin privilégié de moments de libertés intenses, avec l'odeur de mille étoiles qui s'arquent-boutent sur la nuit tandis que le feu brûle tout ton flanc droit.

Cela dit, il faut un temps d'adaptation au rythme narratif très particulier de McCarthy, qui utilise souvent des phrases toutes adjectivées, toutes pleine d'ajouts, des dialogues qui ne sont précédés d'aucun tiret... Mais une fois qu'on est dedans, on est complètement pris. Tu sens que les phrases, malgré parfois des longueurs impressionnantes, sont toutes très équilibrées, très travaillées, et qu'il n'y a pas un mot en trop. Oh et ça fait plaisir de lire un tout petit peu d'espagnol, tiens.

Concernant les personnages je n'ai pas trop accroché, peut-être parce qu'ils sont très peu dans l'introspection et toujours en action ou en interaction avec les gens ou les paysages autour d'eux. C'est à la McCarthy quoi, soit on accroche, soit on accroche pas. De mon côté, je pense lire les volumes suivants, même si la lecture de ce premier tome s'est faite en pointillés et de façon assez laborieuse... Je vais essayer de savoir pourquoi en lisant le deuxième tome !

Une citation pour le plaisir : "Il pensait que pour que batte le cœur du monde il y avait un prix à payer et que la souffrance du monde et sa beauté évoluaient l'une par rapport à l'autre selon des principes de justice divergents et que dans cet abyssal déficit le sang des multitudes pourrait être le prix finalement exigé pour la vision d'une seule fleur."

BIM. Chapeau les traducteurs.