Des milliards de tapis de cheveux est une oeuvre métaphorique et poétique, dès son titre qui vibre de mystères celés au commun des mortels.
Andreas Eschbach nous livre là un canevas apparemment simple mais dont la complexité réelle se mesure dans le tissage des fils narratifs savamment assemblés. C'est ainsi qu'au départ de la lecture, les paragraphes semblent n'avoir aucun lien entre eux. Aucun lien, si ce n'est que ces mystérieux tapis sont le centre d'une trame globale dont le sens est demeuré abscons jusqu'au terme de l'ouvrage. Car l'ouvrage, à l'instar des créations patiemment fabriquées par les maîtres tisseurs, ne se révèle pas si facilement à l’œil passif. Il faut le scruter avec minutie pour apercevoir la trame minutieuse qui l'a conçu.
Progressivement se dessine alors le canevas d'ensemble qui happe le lecteur en ce monde constitué de multiples galaxies et pourtant dirigé par une seul homme, quoique exceptionnel. L'empereur. Jusqu'à sa chute.
Mais on n’interrompt pas un processus engagé depuis de nombreux millénaires comme cela. La pelote de fil se dévide encore et encore ; le dessein secret se maintient, à un cheveu de la vérité celée au cœur des archives...
Si l'ensemble s'avère d'une grande beauté et d'une architecture soignée, on pourra regretter ne pas connaître le devenir de certains personnages attachants croisés çà et là, au détour d'un chapitre. Mais sans doute était-ce la volonté du créateur de cet ouvrage singulier qui berce le lecteur, apportant une réflexion sur l'usage du pouvoir, l'asservissement des peuples, le poids des dogmes.
Un roman un peu à part dans la galaxie des histoires de science-fiction.