[Hasard du calendrier, j'achève ce livre après avoir regardé à la télévision "Dans les yeux d'Olivier" qui revient sur des témoignages bouleversants de personnes qui ont frôlé la mort. Deux d'entre elles ont été séquestrées et violentées de façon barbare, et elles racontent leur retour à la vie après le drame. Ce livre a fait douloureusement écho, à plus d'un titre]


Je reprends le titre de Kafka pour ma critique car ce livre, c'est finalement beaucoup ça : la métamorphose de l'homme en chien, par le joug atroce, arbitraire de deux psychopathes.


Théo sort de prison, on comprend peu à peu son histoire personnelle, mais au départ, difficile de s'attacher au personnage tant celui-ci semble dénué d'empathie, cruel, insensible. On le suit quand même loin dans une campagne isolée, géographiquement non identifiée pour plus d'universalité, où il va faire de mauvaises rencontres qui vont faire basculer son existence et remettre son humanité en question.


Je ne veux pas en dire trop sur ce thriller absolument époustouflant : j'avais déjà beaucoup aimé "Un vent de cendres" du même auteur, dont j'avais déjà noté la plume gracieuse, les très belles descriptions, le sens du détail qui compte, la finesse de la psychologie des personnages, la parfaite maîtrise des nuances et du suspense. Là, pour son premier roman, je dirais même que Sandrine Collette est un cran au-dessus : j'ai rarement lu un thriller si épouvantable et si merveilleusement écrit.


On y trouvera une réflexion profonde sur la liberté, le courage, le temps qui passe, la destruction du sentiment d'appartenir à l'espèce humaine (qui, à plusieurs reprises m'a rappelé "Si c'est un homme" de Primo Levi, c'est dire l'envergure de ce récit!), une certaine ode à la contemplation et au renoncement, mais aussi, bien sûr, de terribles moments de barbarie et de bestialité d'un réalisme foudroyant qui me hanteront bien longtemps.


Un huis-clos noir, oppressant, glauque, étouffant, d'une cruauté absolue - avec ça et là des trouées de lumière d'une force quasi-mystique : extraordinaire et surtout - rare.

Créée

le 18 sept. 2015

Critique lue 714 fois

7 j'aime

2 commentaires

Critique lue 714 fois

7
2

D'autres avis sur Des nœuds d'acier

Des nœuds d'acier
darthurc
9

Acier trempé (de larmes et de sang)

Ces derniers temps, j'avais l'impression de devenir un peu mou du bulbe dans mes choix de polars. Non pas que j'en lise des mauvais, non ; mais plutôt des raffinés, des soft, des psychologiques, des...

le 20 janv. 2013

7 j'aime

Des nœuds d'acier
Cannetille
8

Sur la frontière entre l'humanité et l'animalité

Après dix-neuf mois passés dans le huis clos violent de la prison, Théo Béranger n’a qu’une envie : s’enterrer au calme, loin de l’enfer des autres, avant, peut-être, d’aller rejoindre sa femme, un...

le 7 nov. 2022

2 j'aime

9

Des nœuds d'acier
Gwen21
5

Critique de Des nœuds d'acier par Gwen21

On parie qu'une fois ce roman terminé, vous ne partirez plus d'un pas guilleret en randonnée ? Contrairement à Théo Béranger, fraîchement sorti de taule, qui s'offre, en pleine cavale, une petite...

le 26 nov. 2018

2 j'aime

Du même critique

Enter the Void
BrunePlatine
9

Ashes to ashes

Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...

le 5 déc. 2015

79 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
BrunePlatine
10

Hot wheels

Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...

le 17 déc. 2015

77 j'aime

25

Soumission
BrunePlatine
8

Islamophobe ? Vraiment ? L'avez-vous lu ?

A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...

le 23 janv. 2015

70 j'aime

27