Comme j'ai bien fait d'inscrire ce court roman dans la liste de mon challenge NOBEL 2013/2014 !

Sa relecture m'a complètement réconciliée avec cette oeuvre dont je gardais un souvenir insipide voire déplaisant après que mon professeur de collège m'eût obligée à le lire. Je me rends compte vingt ans après (Aaarrgghh ! 20 ans !!) que je n'avais alors pas assez de maturité pour apprécier cette petite pépite littéraire !

Un roman ? Plutôt une nouvelle qui n'a pas été sans me rappeler "la Perle" du même auteur et que je conseille vivement. Très court, à l'écriture précise et comme ciselée, le récit de George et Lennie m'a complètement transportée en Californie où j'ai erré en leur compagnie le long des routes poussiéreuses, en quête d'un travail ingrat puis dans ce ranch lugubre.

Deux heures, c'est le grand maximum de temps nécessaire pour être catapulté dans les années 30, pour une immersion totale et sans concession dans un monde d'hommes durs et sans pitié.

Le traitement que fait Steinbeck de son sujet a vraiment évoqué pour moi une pièce théâtre. Un chapitre = un acte = un lieu = des personnages qui causent, qui entrent en scène, qui sortent de scène... Tout se passe très vite, en l'espace de quelques heures. Les descriptions, minimalistes, vraiment très épurées, semblent uniquement là pour servir de didascalies et n’empiètent jamais sur les dialogues d'où jaillit la grande force de l'oeuvre.

Les sentiments que le lecteur éprouve pour les personnages principaux va d'un extrême à l'autre en quelques minutes : de la répulsion à la compassion, de la tendresse à l'intolérance. C'est vraiment troublant cette intensité émotionnelle en si peu de pages, en si peu de temps !

***ALERT SPOILER***

Tous les personnages du récit sont des prisonniers, des condamnés à la souffrance et malgré cela, ils ne peuvent s'empêcher d'éprouver de la charité, d'entretenir l'espérance et de s'investir dans des rapports sociaux forts comme l'amitié, la solidarité ou l'autorité.

George est prisonnier de sa misère.
Lennie est prisonnier de sa "connerie" (d'autres diraient "folie").
Crooks est prisonnier de sa négritude.
Candy est prisonnier de son invalidité.
Curley est prisonnier de sa petitesse.
La femme de Curley est prisonnière de sa solitude et de ses ambitions avortées.

Tous sont prisonniers de leurs idéaux. Qui ne l'est pas ?

C'est toute la complexité de l'âme humaine, de ses attentes, de ses envies, de ses besoins que nous renvoie "Des souris et des hommes". La force de l'homme comme sa fragilité. Ceux qui agissent, ceux qui subissent, les rôles peuvent-ils être renversés ? Avec quelles conséquences ? Les rapports à l'argent, au travail, à la société, aux autres, la complexité des choix à faire qui retournent l'existence... il y a tout cela dans ce si petit texte. Petit mais costaud !
Gwen21
10
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le 3 juin 2013

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Gwen21

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