En attrapant le livre d'Olivier Bruneau, planqué derrière un tas de bouses d'écrivains français chiffes molles comme pas deux, je m'attendais à lire l'équivalent littéraire des premiers films d'horreur, ces "slashers" ou un fendu du bocal se faisait un plaisir de tuer avec une imagination débordante et un sens de la mise en scène génial, des adolescents explorant H24 leur sexualité débridée. Cela faisait un joyeux cocktail, le plus souvent amusant, d'hémoglobine et de cul. Et c'était, évidemment, jouissif.
Mais je me suis tout de même trompé, car "Dirty Sexy Valley" n'est pas tout à fait le strict équivalent de ces slashers. En tout cas, ce n'est pas seulement cela. Car si la dimension violente et les boogeymen sont de sortie, c'est sur le côté "cul" et "sexualité" que le livre de distancie de ces films. Car autant se le dire, le livre d'Olivier Bruneau est bel et bien pornographique, ce qui en fait bien, finalement, un mix entre un film d'horreur et un film porno.


Mais tenez-vous bien, cela va encore plus loin. En effet, le livre revêt également une troisième casquette, bien plus difficile à obtenir. C'est celle d'un "nanar". Un véritable "nanar", c'est-à-dire un film qui par ses mauvais choix et son mauvais goût, devient fabuleux. Alors évidemment, c'est très volontaire de la part d'Olivier Bruneau, qui semble cultiver un côté ultra-trash sans limite. Tout le livre est effectivement très violent: les morts sont dégueulasses et aussi visuelles qu'absurdes, les scènes de sexe ne connaissent aucune limite (avec peut-être la scène qui m'avait le plus révulsé, celle avec la Mère...).
Alors je vais simplement nuancer un peu mon propos. Le côté "nanar" est réussi. Vraiment: on lit ce concentré de mauvais goût avec beaucoup de plaisir. Néanmoins, je dois avouer qu'en approchant de la fin du livre, je n'étais guère loin d'un sentiment de trop-plein, d'excès difficilement maitrisé. Je vous l'ai dit: le cul est par exemple omniprésent. Au début, c'est assez jouissif, d'autant plus que c'est plutôt bien écrit. Mais c'est vraiment constant, et c'est vrai qu'après deux-cents pages non-stop, on commence un peu à être excédé.


Bon, rien de grave: cela ne gâche absolument pas la lecture, qui reste extrêmement agréable. Et autant se le dire: la légèreté et l'ultra-décalage assumé du scénario en font une lecture très adéquate à cette saison où il fait bon de déconnecter et se relaxer un peu. Alors n'hésitez pas, "Dirty Sexy Valley", aussi extrême soit-il, est je pense une grande réussite du genre (c'est peut-être aussi le seul livre du "genre"). Vous pouvez y aller les yeux fermés, donc.

Wazlib
8
Écrit par

Créée

le 16 juil. 2017

Critique lue 669 fois

4 j'aime

Wazlib

Écrit par

Critique lue 669 fois

4

D'autres avis sur Dirty Sexy Valley

Dirty Sexy Valley
MichaelFenris
7

Réunion improbable entre American Pie version Rocco Siffredi et Massacre à la tronçonneuse

Six étudiants inséparables décident de fêter leur diplôme en se réunissant dans une cabane perdue au fond des bois, propriété des parents de l’une d’entre eux. Le but étant de se libérer complètement...

le 3 août 2017

2 j'aime

Dirty Sexy Valley
TmbM
9

Critique de Dirty Sexy Valley par TmbM

Vous êtes-vous jamais demandé s’il était possible de recycler dans un même bouquin tous les poncifs les plus ringards du cinéma porno italien des années 70 et du slasher gore sans concession ...

Par

le 15 févr. 2017

2 j'aime

Dirty Sexy Valley
LouKnox
6

Critique de Dirty Sexy Valley par Lou Knox

Dans une prose proche de celle qu’écrivaient les pigistes des magazines pornos complètement défoncés des années 90, Olivier Bruneau revisite les survival horrors movies qui ont fait la gloire des...

le 10 déc. 2021

1 j'aime

Du même critique

Des fleurs pour Algernon
Wazlib
9

Ceula ne par le pa que de souri et de fleurre

Lu dans un bus, parce que le titre est original, parce que la souris a l'air bien sympathique devant son labyrinthe, parce que les gens en parlent ici ou là, qu'avec de jolis mots. Par sequeu les...

le 26 mars 2014

12 j'aime

3

Cujo
Wazlib
8

Le roman d'un été.

Le vieux conteur du Maine. Stephen King est, de tous les écrivains que j'ai pu découvrir, celui qui raconte le mieux les histoires. Lors de ma première lecture, le volumineux recueil de nouvelles «...

le 1 avr. 2017

10 j'aime

Sleeping Beauties
Wazlib
3

Auroras-le-bol?

Dernier roman de Stephen King traduit dans la langue de Molière, « Sleeping Beauties » nous fait bénéficier du talent de, non pas un King, mais deux King puisque co-écrit avec son fils Owen. Je ne...

le 3 juin 2018

8 j'aime

2