Discours pamphlet, qui comparera les actions de l'homme blanc sur les peuples noirs aux actes du nazisme sur les peuples blancs.

cela fera et fait scandale. Mais ce qu'on pourrait taxer d'un simple point Godwin n'en est pas un : ce que le blanc fit au noir trouve son origine dans la Colonisation de l'Afrique Noir et la mise au pas des blancs. Camps de concentration Anglais, tôt imités par les Allemand dans le génocide (la décimation, si on refuse d'être anachronique) des Herrero. L'Afrique Noire fut rétrospectivement, un banc d'essai de technique que l'Occident allait bientôt usé contre lui-même. Le scandale, dit Césaire, tient dans la façon dont l'Occident vertueux construit l'histoire génocidaire, oblitérant au passage la mémoire de ses propres crimes - c'est d'avoir employé ces méthodes-là _contre lui-même_ qui l'offusque - pas l'emploi de ces méthode en soit. L'Occident, qui se construit comme seule mémoire du monde (je glose), va vite en la besogne à dire un plus jamais ça, alors même qu'il restreint le champs de ce "ça" innommable.

Un livre indispensable, dans sa colère, et dans ce qu'il nous place résolument devant le discours de l'autre à notre égard, un discours dont nous sommes responsables à la fois pour lui en donner la possibilité, et pour en motiver le contenu de violence. On oublie trop souvent que la responsabilité est _collective_. On ne peut pas se libérer de sa situation historique, faire comme si nos ascendants ou les amis de nos ascendants ou la société où vivait nos ascendant n'avait pas léguer des traumatismes à ceux qui sont nos contemporains. L'oublier, c'est refuser la dette. Un refus de dette ne mène qu'à une seule chose : d'une façon ou d'une autre, une réparation d'autant plus brutale que la dette est profonde. C'est bien une de ces choses que rappelle Césaire, dans son ton vigoureux et son humanismes réel - celui qui présidait, avec la même colère et un tout autre ton, dans les Cahiers d'un retour au Pays Natal.
Kliban
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le 7 nov. 2010

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