Dominique
7.2
Dominique

livre de Eugène Fromentin (1863)

Dominique … Non, Sœur Sourire ne s’est pas inspirée de Fromentin pour truster les charts américains avec son tube à la rime tout de même équivoque… En fait, Dominique repose sur un thème qui a permis à Flaubert, Stendhal, Balzac - et j’en oublie sûrement et d’ailleurs c’est volontaire – de produire des chefs-d’œuvre que les tempes grises savent apprécier alors que les chères têtes blondes parcourent comme si une médaille du mérite était à gagner … Oui donc, ce thème est celui de l’amour impossible dans le monde bourgeois entre un jeune homme et une jeune femme mariée. Donc on ne va pas détourner nos lectures titanesques pour ce qui pourrait ressembler à un simple écueil glacé et presque oublié de la littérature du XIXème siècle … Non, j’en conviens ! Et pourtant quel régal dans les descriptions des paysages ou des scènes de vie : on ne peut s’empêcher de penser que Fromentin a su transmettre son art de peintre du pinceau à la plume. Quel plaisir aussi de partir pour une longue promenade au rythme du passé simple et de ses accents circonflexes se baladant sur les verbes du second groupe. Que c’est bon quand la virgule et encore plus le point virgule sont usés à bon escient …. Et c’est là que j’ai découvert ma fringale pour relire les classiques du XIX siècle : souvenir d’enfance comme la tarte que Môman sortait du four à l’heure du goûter …

« -Ainsi, m’écriai-je, il faudrait ne plus l’aimer ?
-Au contraire, mais une autre.
-Ainsi, l faudrait l’oublier ?
-Non, mais la remplacer.
-Jamais ! lui dis-je.
-Ne dis pas : Jamais ; dis : Pas maintenant. »

Il a séduit la fortune. Si la vie n’était qu’une loterie, ce jeune homme rêverait toujours les numéros gagnants.

Les bœufs rentraient du labour, et c’était le moment où la ferme s’animait. Accouplés par deux ou trois paires,- car à cause de la lourdeur des terres mouillées on avait du tripler les attelages, - ils arrivaient traînant leur timon, le mufle soufflant, les cornes basses, les flancs émus, avec de la boue jusqu’au ventre. Les animaux de rechange qui n’avaient pas travaillé ce jour-là mugissaient au fond de l’étable en entendant revenir leurs actifs compagnons. Ailleurs, c’étaient les troupeaux déjà renfermés qui s’agitaient dans la bergerie ; et des chevaux piétinaient et hennissaient, parce qu’on remuait du fourrage, au dessus de leurs mangeoires.

Créée

le 17 oct. 2014

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