Je sais que ma voix solitaire va résonner longtemps dans un amphi désert, et ça ne sera peut-être que justice, mais voilà : j'ai détesté le chef d’œuvre aux 500 millions d'exemplaires vendus depuis sa création il y a 4 siècles. J'ose à peine le dire car, depuis que j'en ai fini la lecture cet été, je n'ai fait qu'entendre ses louanges partout, dans la bouche de sommités, voire de gens dont j'admire le talent. Je comprends ceux qui l'ont lu très jeunes, et qui l'associent à leurs découvertes d'enfants, gardant à son évocation un enthousiasme teinté de nostalgie pour ces premiers émois littéraires. Mais moi, je l'ai lu en milieu de quarantaine, c'est très différent. L'inégalable pinâââcle de la littérature espagnol m'est littéralement tombé des mains, et c'est vraiment, vraiment inédit. Je lis toujours tout jusqu'au bout, c'est une maladie; eh bien là, mille fois j'ai été tentée de briser là, éreintée par ce burlesque lourdingue entrecoupé de pièces décalées, bourrées sous la peau des chapitres comme l'ail d'un gigot pascal trop cuit. Même Cervantès aurait préféré être reconnu pour d'autres de ses œuvres. Le Quichotte, ou le grand malentendu, en somme.