Si l'on m'avait dit qu'un jour, même il y a six mois, je lirais du Proust, j'aurais ri.
Parce que je lis beaucoup mais rarement de la "grande littérature". Parce que même ma môman, mon premier éclaireur, ne l'avait pas dans sa bibliothèque. Parce que même mes profs de français n'ont pas insisté sur lui. Parce que l'on m'avait dit que c'était long, difficile, chiant. Et puis il y a eu une envie, sortie d'on ne sait où - peut-être un peu du livre "En l'absence des hommes" de Philippe Besson mais cela ne peut pas être la seule raison - de découvrir. De voir par moi-même ce que c'était vraiment, Proust.

Si l'on m'avait dit qu'un jour, je lirais du Proust plus vite que j'ai dévoré un George RR Martin...
Je n'ai pas été rebutée par l'écriture. Ces phrases longues, je ne les ai pas trouvée pénibles ou difficiles à lire. Elles m'ont emportée, bercée dans les méandres de la pensée de Proust, au fil de ses introspections. Au rythme de ses obsessions qui sans répéter exactement une idée, un propos, les fouille comme j'aurais cru impossible de le faire, jusqu'à ce que l'idée dont le narrateur ne peut se détacher devienne presque nôtre.

Si l'on m'avait dit qu'un jour je lirais du Proust et je rirais...
On ne me l'a jamais présenté que comme un auteur sérieux, le genre à écrire des bouquins de dépressifs, à faire de belles phrases, à déclencher l'émotion, la réflexion. Et bien sûr, il y a tout cela. J'ai aussi beaucoup aimé le portrait des contemporains de l'auteur - en particulier la description des Verdurin et de leur société - sommes toutes assez sarcastique. Toute la deuxième partie d'ailleurs, centrée sur le personnage de Swann est truffée de touches d'humour. Alors non, je ne réhabiliterai pas Proust en auteur de stand-up car son humour est comme le reste il faut s'y laisser emporter, s'y abandonner, il ne vient pas à nous tout seul comme une bonne blague, mais il m'a fait rire.

Si l'on m'avait dit un jour que je lirais du Proust et que j'en redemanderais...
Allez, je file à ma boîte aux lettres, le tome 2 est peut-être déjà là.
Nomenale
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le 25 mai 2013

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Nomenale

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