Scott Carey, concepteur de site Web, a un problème de santé : il perd du poids. Vite, et beaucoup. Mais, comme si cela ne suffisait pas, son aspect ne change pas, il reste ce solide gaillard assez enrobé. Pire, qu’il soit nu ou habillé, avec des poids dans les mains et des pièces plein les poches, le poids ne varie pas. Scott se confie à un de ses rares amis, le docteur Bob Ellis, médecin à la retraite, qui lui non plus n’a aucun explication au phénomène.
Tandis qu’il voit les chiffres sur la balance s’amenuir, Scott doit aussi faire face à un autre problème, celui des chiens de ses deux voisines qui prennent sa pelouse pour un lieu de déjections… Alors qu’il se demande sans véritable angoisse à quel moment il ne pèsera plus rien, Carey comprend que l’attitude refermée des deux femmes est en grande partie liée à celle, négative, de la population, qui ne tolère pas l’installation chez eux de lesbiennes mariées et est prête à tout faire pour condamner leur restaurant. Il décide alors de les aider comme il le peut, comme une dernière BA.
Grosse nouvelle de 147 pages parue au Livre de Poche, plutôt qu’un véritable roman, Elevation est une façon pour Stephen King de revenir faire un tour à Castle Rock, sa ville mythique. L’histoire est plaisante, avec son quota émotionnel, mais elle reste une oeuvre mineure non exempte de défauts: On sent tout le plaisir de l’auteur derrière les lignes, sans pour une fois qu’il se donne la peine de délivrer d’explications au phénomène de perte de poids, alors qu’habituellement l’auteur n’en est pas avare. Peut-être a-t-il jugé qu’il n’avait pas matière (à juste titre) à écrire un roman volumineux comme il en a le secret ?
C’est sans doute là justement que le bât blesse: passé le moment de la perte de poids et de ses conséquences, l’histoire du sauvetage du restaurant et de la course organisée en ville deviennent juste des anecdotes, des « instantanés » de la vie de la cité. Même si je suis assez inconditionnel de l’auteur, je suis resté sur ma faim avec cette petite histoire. J’ai même eu l’impression curieuse de ne pas tout à fait reconnaître le style de Stephen King, comme si quelqu’un d’autre l’avait écrite pour lui.
Elevation est donc à mon sens un petit intermède pour l’auteur, amusante et parfois émouvante, bien qu’un peu légère. J’avais été déçu par la fin de l’Outsider, je retrouve là le même problème, même s’il s’agit d’une nouvelle.
A noter les illustrations très sympathiques qui parsèment chaque début de chapitre.

MichaelFenris
7
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le 27 juin 2019

Critique lue 298 fois

Michael Fenris

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