http://les-murmures.blogspot.fr/2012/06/elric-des-dragons-de-michael-moorcock.html

« Elric, c'est comme un premier flirt : ça peut être très sympa sur le coup, mais on l'oublie aussi très vite ». Voici, en substance, le discours qu'un blogger m'a tenu il y a peu lorsque je m'enthousiasmais après ma découverte du premier tome de la saga de Moorcock. Un jour, Salvek, de Fantasy au petit déjeuner a chroniqué le tout dernier tome, cooécrit avec Fabrice Colin, et soulignait toute l'affection qu'il portait à Elric. Anti-héros par excellence, assez loin des clichés du genre, écrit pour être une sorte de contre-Conan : il n'en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité de lecteur refroidi par la Fantasy.

Elric, empereur de Ménilboné (pays de la force brute et de la virilité, mais aussi de sorciers) détonne dans le paysage. Frêle, pâle, doué au combat mais totalement dépendant des drogues qu'il ingurgite afin de conserver l'ensemble de ses aptitudes. Et pourtant, il règne et profite d'une relation privilégiée avec Cymoril, sœur d'Yrkoon, lui même cousin d'Elric. Et c'est là que les problèmes apparaissent. Yrkoon se sent le vrai digne héritier de la lignée des ménilbonéens. Il en est, en effet, la caricature. Alors, quand l'occasion de prendre la place d'Elric se présente, il ne va pas la laisser passer (tout comme l'amante d'Elric, qu'Yrkoon verrait bien impératrice). C'était sans compter sur les ressources de ce dernier, et sans les quelques partisans sur lesquels il peut compter.

Ce tome d'introduction est très rythmé (et très court, il faut bien l'avouer). On suit Elric depuis son Empire, où son statut est déjà en question, jusqu'aux pactes qu'il crée avec des êtres qui l'aideront autant qu'ils peuvent lui nuire. En s'achevant sur une situation qui génère plus de questions encore, Moorcock semble bien maîtriser le principe du cliffhanger. En même temps, le format aide. Il est difficile de vraiment analyser les tenants et aboutissant de l'œuvre même si la remise en question de la virilité est sympathique ; même si les questionnements d'Elric suggèrent une noirceur qui ne demande qu'à s'affirmer. Noirceur qui, parions-le, se révélera au travers de l'Epée providentielle : Stormbringer.

Les petites 200 pages nous donnent surtout la possibilité de nous familiariser avec l'univers et les personnages. Elric apparaît effectivement comme un personnage bien différent du paysage Fantasy qu'on se représente lorsqu'on n'est pas déjà un lecteur assidu du genre. Le style est un peu stéréotypé mais efficace. Bref, cette première entrée dans l'univers est réussie. Essai à transformer (ce qui sera fait grâce à l'acquisition de l'intégrale parue chez Omnibus).

Les Murmures.
valerdaviep
8
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le 21 juin 2012

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valerdaviep

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