Le Roman de l'Enfant Spectateur

Beaucoup a été dit sur la supposée qualité aérienne, virevoltante et loufoque de ce roman.
Dès les premières lignes en effet, le ton est donné: Papa et Maman font pleuvoir des Skittles sur leur life, font du ski nautique dans une piscine de champagne et des claquettes avec des bigoudènes en tutu.
C'est parfois amusant - Mademoiselle Superfétatoire, c'est vrai qu'on en redemande - mais rapidement en butte à un sérieux manque de contraste. Au fil des pages, on réalise que l'excentricité perd de son charme dès lors qu'elle est tartinée à haute dose.Tout le paradoxe est qu'elle devient alors prévisible et donc ennuyeuse.
Le regard du petit garçon, le narrateur-observateur, aurait pu servir de contrepoint à l'exhalation amoureuse de ce binôme parental qui monopolise toute la lumière. Mais au lieu de cela, la posture choisie est celle de l'hagiographie et de la glorification, réduisant l'angle de vue à celle d'un groupie. C'est là à mon sens, le plus grand manquement de ce roman qui aurait tant gagné en profondeur et en relief, si l'auteur avait fait transparaître lignes de faille, tristesse et manque chez cet enfant-public qui ne fait qu'assister à la représentation cliquante de la vie de ses parents, plus occupés à passer leur mythe à l'or fin qu'à construire une famille autour de lui.
Au lieu de cela, il se demande "Comment font les autres enfants pour vivre sans mes parents?".
Et ce questionnement illustre bien l'échec relatif du roman, celui d'avoir cantonné chacun des personnages à des registres uniques - folie, loyauté amoureuse, adulation filiale - et d'avoir ainsi complètement évacué la notion de doute.

Amitiés,
Dustinette