Eragon
6.5
Eragon

livre de Christopher Paolini (2003)

Ah Eragon, le premier tome d'une saga que j'adore et à laquelle pourtant je n'ai jamais rendu l'hommage qu'elle mérite, éclipsée dans mes pensées par d'autres oeuvres plus illustres. En effet, l'Héritage n'est pas l'oeuvre du commencement, celle qui m'a fait découvrir la fantasy et qui m'a incité à dévorer par la suite des milliers de pages remplies de magiciens, d'elfes et de dragons, c'est à Harry Potter que revient cet honneur. Ce n'est pas non plus le cycle phare celui qui occupe une place indétronable dans mon estime et dont je connais chaque personnage et chaque réplique et dont chaque relecture m'emplit d'un douce euphorie ; cela reste l'apanage des Ewilan. Enfin, ce n'est pas la saga reconnue comme le pilier centrale de la fantasy à l'univers si vaste qu'il paraît sans fin et qui a redéfinit mon rapport au genre et à la littérature. Non, c'est le Seigneur des Anneaux qui peut s'enorgueillir de cela.


Néanmoins, la tétralogie de l'Héritage apparaît à la fois comme une oeuvre incontournable de ma propre bibliothèque fantastique et comme une saga majeure de la fantasy actuelle. Cela est dû selon moi à une multitude de raisons diverses que je vais m'efforcer d'évoquer et d'expliquer certes pas de manière exhaustive mais néanmoins très détaillée au cours de cette critique qui risque d'être très ( trop ? ) longue comme le laisse présager mon introduction fastidieuse et cette dernière phrase interminable.
Quoiqu'il en soit, je tiens à rappeler certaines petites choses avant de véritablement débuter mon analyse de l'oeuvre. Je voudrais tout d'abord mettre en garde ceux qui n'auraient pas lu la saga en entier et qui passeraient par là afin de se donner envie de débuter ou de continuer leur lecture cette critique n'est certainement pas faites pour eux car je compte passer au crible les événements survenus dans l'ouvrage et donc de multiplier les spoils.
En outre, je tiens également à préciser que cette critique portera certes essentiellement sur le premier tome dont il est question ici mais que je risque d'y faire d'innombrables allusions aux autres livres et qu'il s'agira donc plus d'une critique du cycle dans son ensemble.


Selon moi, l'origine principale de la qualité du cycle découle de son rapport avec la magie. Alors que la plupart des livres de fantasy pour adultes tels que les écrits de Tolkien, de Feist, de Gemmell évoque la magie sans jamais véritablement la montrer, laissant son utilisation empêtrée dans une gangue sombre et complexe de mystère, de crédulité et parfois de religion, les classiques de la fantasy moderne prennent plaisir à décrire longuement chaque aspect de l'utilisation des arcanes. Ainsi, dans l'Héritage la magie est omniprésente et donc très codifiée pour être la plus crédible possible. En effet, ses contraintes, ses effets, ses bénéfices, son histoire et surtout ses limites forment la trame de l'histoire. Le domaine d'action de la magie est ainsi très vaste mais son utilisation est régulée intelligemment par la dépense en énergie. On peut citer de très bonnes idées originales dans l'évocation de la magie telles que ses liens avec l'ancien langage, la communication par l'esprit avec les dragons, l'absorption des forces vitales des êtres vivants situés à proximité et l'utilisation des minéraux comme stock d'énergie.


En ce qui concerne les principales caractéristiques de l'Alagaesia on peut citer la présence de différentes races. La trame générale repose ainsi essentiellement sur les relations entre les trois principaux peuples de ce monde : les humains, les elfes et les nains. L'utilisation de ce trio rappelle évidemment l'oeuvre de Tolkien ce qui est confirmé par la description des races. Les elfes sont représentés dans la plus pure tradition du modèle créé ou en tout cas popularisé par le Seigneur des Anneaux. En effet, ils sont dépeinte comme des êtres immortels, pleins de noblesse, aux traits altiers et d'une beauté incomparable et dotés d'une vive intelligence et d'une grande sagesse qui s'accompagne souvent d'une certaine prétention et d'un mépris marqué à l'égard des autres races. Cette similitude se poursuit également dans leur dévouement pour la musique, la poésie et la nature ce qui implique donc que les elfes de Tolkien et ceux de Paolini sont presque identiques à ceci près que ce dernier en rajoute encore en conférant aux Elfes des aptitudes physiques hors normes et un talent inné pour la magie.
En outre, de la même manière que les Elfes de la Terre de Milieu, les résidents du Du Weldenvarden forment une civilisation brillante mais décadente. En effet, dans les deux cas le peuple elfique a dominé le monde pendant des millénaires et s'est retiré devant l'essor des nations humaines, laissant les autres races glorifier dans leurs chansons et leurs récits le souvenir impérissable de leurs royaumes oubliés et de leurs cités mythiques ( Gondolin, Nargothrond pour le Stage et Illirea pour Eragon ). Cette prédominance de la race elfique se traduit également par un respect accru de leur langue considérée invariablement comme la plus noble ( quenya chez Tolkien et ancien langage chez Paolini ).
Cet héritage de Tolkien se retrouve également à travers un autre peuple celui des nains. En effet, leur description n'échappe pas aux normes du genre c'est à dire une petite taille, un caractère fier, rustre et déterminé et une attirance pour la pierre et la terre. Toutefois, les nains d'Eragon compte des magiciens dans leurs rangs et semblent plus vifs d'esprits que ceux du Sda.


Néanmoins, la véritable singularité de l'univers d'Eragon réside dans la présence d'un quatrième peuple fascinant : celui des dragons. En ce qui concerne cette race, Eragon diffère largement de la vision de Tolkien. Certes, ils sont présents sur la Terre du Milieu mais leur rôle est secondaire ce qui n'est pas le cas ici puisqu'ils représentent le fondement même de l’œuvre. Le concept des Dragonniers s'avère suffisamment intéressant pour créer une histoire convaincante s'étalant sur plusieurs milliers de pages. Les Dragons de Paolini nous fascinent que ce soit par le biais de leurs relations avec les autres races, de leur rapport avec la magie ou des Eldunaris.
En outre, l'aspect monochromatique des dragons leur confère un coté particulièrement esthétique et s'accompagne selon moi également d'une mise en place ( au moins inconsciente ) d''une certaine symbolique des couleurs qui peut paraître un peu clichée et simpliste. En effet, comme par hasard le grand dragon du tyran Galbatorix, Shruikan n'est pas jaune ni vert pomme mais bien noir comme la nuit afin de renforcer son coté sombre et maléfique, Thorn est lui rouge comme le sang qu'il verse au cours de ses affrontements contre les Vardens, Glaedr possède des écailles dorées dorées qui incite au respect et à l'admiration et qui rappelle sa sagesse


et le dragon d'Arya, Firnen est vert ce qui peut être perçu comme un rappel des liens entre le peuple elfique et la nature.


On peut enfin citer l'existence d'autres peuples plus ou moins importants tels que les Chats-Garous ou les Urgals qui viennent étoffer l'univers de l'Héritage. Les Urgals font d'abord office de laquais de Galbatorix et d'ennemis héréditaires des autres races civilisées d'Alagaesia, semblant n'être qu'une pâle copie des Orcs mais leur nature se complexifie à partir du troisième tome. Il reste enfin à aborder le cas des Ra'zacs qui tiennent le rôle des assassins d'élite de Galbatorix et entretiennent des relations étroites avec la mort et les ténèbres. Ils représentent ainsi parfois encore plus la noirceur que leur maître et peuvent ainsi être rapprocher des Détraqueurs d'Harry Potter ou voir même des Balrogs du Sda.


Nous allons désormais approfondir l'étude des personnages et de leurs relations entre eux. La plupart des personnages principaux sont les membres des familles royales ou dirigeantes des différentes races tels que Aihjad, Nasuada, Arya ou encore Orik. Toutefois, la saga de l'Héritage se démarque des autres grandes sagas de fantasy habituelle par son omission d'un stéréotype de personnage qui est le personnel secondaire cheaté. Je m'explique : cette expression personnelle désigne un type de personnage récurrent dans ce type d’œuvre et qui semble détenir une certaine forme de toute puissance. Vous ne voyez toujours pas de quoi je parle ? Je parle des Albus Dumbledore ( HP ), Aslan ( Le Monde de Narnia ), Onyx ( Les Chevaliers d'Émeraude ) et autre Yoda ( Star Wars ). Ce type de personnage infiniment plus fort que le héros semble invincible et parfois même capable de vaincre le principal antagoniste d'un simple revers de main. Les livres de Pierre Bottero recèle notamment d'une foule de personnage cheatés ( Edwin, Ellana, Ewilan, Merwyn, Ellundrill Chariakin ) dont la moindre apparition exprime la puissance et le charisme et laisse le lecteur dans un état proche de la jubilation. Nous n'avons rien de tel ici bien que certains puissent m'opposer qu'Oromis semble tenir ce role. Je répondrais simplement que l'action se déroule à une époque ou les plus grands héros ont disparus et qu'Oromis n'était certainement pas le plus puissant des Dragonniers mais qu'il a simplement eu plus de chance ce qui lui a permis de survivre. Il semble néanmoins bien démuni en terme de puissance face à Galbatorix et si il fait preuve d'une sagesse constante on est bien loin d'un Albus Dumbledore dont l'intelligence hors du commun lui permettant de concevoir des plans extrêmement complexes n'est surpassée que par la démesure de ses pouvoirs magiques.
On a donc ici un cas de figure semblable au Sda ou de nombreux adjuvants sont certes puissants mais néanmoins incapables de vaincre l'ennemi ultime. Néanmoins, cet aspect est contrebalancé par la présence d'un personnage discret mais très intéressant : Angela l'herboriste. Alors qu'elle ne semble être à première vue qu'une herboriste/voyante un peu folle, on découvre au fil de ses brèves apparitions que la réalité s'avère bien plus complexe. En effet, bien qu'elle reconnaisse elle même que ses pouvoirs ne lui permettraient pas de vaincre Galbatorix, elle possède d'étonnantes capacités qui en font certainement l'adjuvant d'Eragon le plus puissant. Elle est notamment respectée par les Elfes, les Nains, les Chats-Garous et même par les Urgals et semble apparaître dans les légendes de chaque peuple. Angela est donc une sorte d'énigme dont l'origine reste mystérieuse et je la rapprocherais en cela du personnage de Tom Bombaldil dans le Seigneur des Anneaux. On peut conclue cette partie sur les personnages en rappelant qu'Angela est un hommage de Christopher Paolini à sa jeune sœur et que le mystère et l'incertitude qui imprègnent son personnage sont donc certainement voulus. En plus, elle est drôle et loufoque ce qui lui permet accessoirement d'être mon personnage préféré.


Je vais désormais aborder les références à la religion dans la saga. Là aussi, je trouve que ce sujet complexe aurait pu constituer un écueil dont Paolini se sort avec brio. En ce qui concerne ses rapports avec les religions existantes, l'Héritage ne présente pas une critique acerbe du christianisme à la manière de la saga A la croisée des mondes de Philipp Pullman et n'effectue pas non plus sa glorification comme C.S. Lewis dans le Monde de Narnia. Non, la saga garde ses distances avec cela et ne prétend être plus que ce qu'elle n'est c'est à dire une œuvre fantastique pour adolescent. On peut y lire tout au plus une dénonciation de l'obscurantisme à travers le sombre culte des prêtres d'Helgrind.
La religion reste néanmoins très présente notamment à travers l'antagonisme entre les Elfes et les Nains qui se poursuit à ce niveau avec le polythéisme de ces derniers qui s'oppose à l'athéisme elfique. Néanmoins, si le point de vue des Elfes est parfois perçu comme le plus juste, Eragon ne parvient réellement à trancher et conserve une tolérance en la matière qui trahit celle de l'auteur. Enfin, l'apparition mystérieuse du dieu des nains, Guntera lors du couronnement d'Orik dans le troisième tome achève de semer le doute et fragilise les certitudes du jeune Dragonnier.


Enfin, revenons à l'intrigue et notamment à celle du premier tome. Le récit du voyage initiatique d'Eragon et de son apprentissage auprès de Brom est détaillé et crédible ce qui le rend passionnant. La fuite du jeune garçon avec un mentor qui habitait prés de lui et qui était chargé de le surveiller peut évidemment être rapproché du début d'une trilogie cinématographique connue. Non vraiment vous ne voyez pas ? Il s'agit bien de sur de Star Wars. Et les similitudes ne s'arrête pas là puisque dans les cas le vieux mentor représenté respectivement par Brom et Obi Wan Kenobi faisait partie de l'ordre vénérable que le jeune apprenti doit faire revivre. D'ailleurs l'ancienne suprématie des Dragonniers n'est pas sans rappeler celle des Jedi.
Toutefois, ce premier tome est dépourvu d'une des principales des qualités des trois autres, l'alternance de chapitres entre différents personnages. Cela s'explique certainement par le fait que l'auteur a voulu étoffer davantage son personnage principal et présenter à travers ses doutes et ses convictions les autres protagonistes afin de pouvoir se concentrer sur la vision de ceux-ci au fil des tomes suivants. Néanmoins, on ne s'ennuie pas pendant ce tome grâce à la justesse de la description de l'apprentissage d'Eragon et de ses relations avec Brom et Saphira. On a l'impression de suivre le même enseignement que lui, apprenant progressivement les subtilités de l'utilisation de la magie et l'histoire de l'Alagaesia à travers les réponses de Brom à ses nombreux Qui?, Quand?, Comment? et surtout Pourquoi? On progresse ainsi dans l'univers au même rythme que le héros et on est d'autant plus sensible à ses interrogations et ses doutes.
Le premier tome de l'Héritage prend ainsi le temps de poser le décor à travers une quête un peu à la manière de la Communauté de l'Anneau. Cependant, que les amateurs inconditionnels d'action se rassurent, la bataille finale permet aisément d'oublier les longueurs narratives et descriptives.


Au niveau du style, on ne retrouve certes ni le souffle épique du Sda ni l'incomparable fluidité de la plume de Pierre Bottero mais il n'a rien à envier à la plupart des autres œuvres du genre. L'Héritage comporte d'interminables descriptions de lieux, de personnes et d'objets ce qui explique la longueur démesurée de chacun des tomes. Je pense que c'est un choix judicieux et nécessaire qui permet d'entrer totalement dans l'univers et de poser sereinement les bases de l'histoire. Néanmoins, je comprends parfaitement que certains aient pu trouver une multitude de longs passages ennuyeux puisque dépourvus presque totalement d'action.


Enfin, il me parait nécessaire d'évoquer brièvement l'adaptation en film qui a noircie la réputation de l’œuvre. En effet, le film disposait d'un budget restreint que les producteurs ont du décider de mettre presque intégralement au service de la création de Saphira qui est donc impeccable. En ce qui concerne tous les autres aspects, c'est une toute autre histoire ... Ainsi, malgré un casting honorable dans son ensemble ( Jeremy Irons, Robert Carlyle, John Malkovich, Sienna Guillory ...), le film ne parvient pas à restituer la magie du premier livre et s'enfonce dans une noirceur morne et sans intérêt. Certains passages ont tellement été modifiés ou sont si ratés que malgré l'engouement autour de l'univers d'Eragon, un deuxième opus n'a jamais pu voir le jour. En effet, le personnage d'Angela est aux antipodes de la brillante sorcière du livre, le décor de Farthen Dùr est une insulte aux descriptions des romans et Brom est tué par Durza alors qu'il devrait l'être par les Ra'zacs. Néanmoins, le summum de l'incroyable revient aux Urgals qui devraient des sortes de minotaures sont de vulgaires humains arborant trois tatouages. Non sérieusement, c'est comme si Peter Jackson avait dit " Il faut quoi des costumes et des effets spéciaux pour faire les orcs? Non, qui a écrit des conneries pareils? Tolkien? Jamais entendu parler ... Apportez trois mecs chauves et un peu d'encre de chine ça fera l'affaire. " . Incroyable ! Enfin, on ne peut être que consterné par les défauts du film qui ternit l'image du livre et espérer qu'un jour un réalisateur voit le potentiel de l’œuvre et nous offre un reboot digne de ce nom. Toutefois, chaque tome contient une telle densité d'informations et d’événements que je doute parfois de la viabilité d'un tel projet.


Enfin, revenons aux livres : je n'effectuerais pas ici de critique détaillée des deuxièmes et troisièmes mais je souhaite en revanche revenir sur le quatrième tome et notamment sur la conclusion de la saga.
Ce tome intitulé l'Héritage comme le cycle contient plus d'action que ses prédécesseurs notamment grâce à la bataille d'Urubaen qui occupe un bon tiers du livre.


Évidemment comme vous vous en doutez sans doute, Eragon et ses amis parviennent à détrôner ce bon vieux Galbatorix. Youpi ! La rencontre avec le roi est un moment particulier puisque l'on découvre enfin ce personnage que Christopher Paolini en fin romancier nous a appris à détester et à redouter sans l'avoir vu une seule fois en plus de 3000 pages. Or, on se rend compte que le roi ne parait pas forcément si mauvais que ça puisqu'il explique calmement les bienfaits économiques qu'il a apporté à l'Empire. Cette caractéristique de l’ambiguïté du méchant au moment de l'affronter m'a fait pensé au cycle les Chroniques des Mondes Emergés de Licia Troisi. En effet, dans ce livre l’héroïne Nihal est confronté à la fin au tyran Aster dans une scène semblable à celle de l'Héritage et où celui-ci essaie de la convaincre de la nécessité d'éliminer l'espèce humaine afin de protéger la nature de ses méfaits. Certes, Paolini ne va pas aussi loin mais l'idée principale reste une possible inversion de la place des protagonistes et du principal antagoniste, celui-ci tentant de défendre ses décisions et ses prises de positions et ne se voyant absolument pas comme un despote mais bien comme un fervent défenseur de l'ordre.
De surcroît, un parallèle peut également être effectué selon moi entre le rapport de force présent entre le héros Eragon et son principal antagoniste Galbatorix et celui entre leurs équivalents respectifs dans HP soit Harry Potter et Voldemort. En effet, dans les deux cas le protagoniste central, celui qui doit mettre fin à la terreur imposée par le méchant semble bien démuni face à son adversaire notamment à la fin de l'avant dernier tome et même jusqu'au moment de la confrontation finale. Cet aspect est peut être encore plus visible ici où il est sans cesse répéter que le roi pourrait mettre fin à la guerre contre les Vardens en un instant si il prenait simplement la peine de chevaucher Shruikan et de quitter son trône à Urubaen. Le succès d'Eragon repose donc en grande partie sur l'oisiveté et l'arrogance de Galbatorix qui ne prends à aucun moment au sérieux la menace incarnée par Eragon. Pourquoi le ferait-il puisqu'il dispose de pouvoirs magiques supérieurs, d'une connaissance de l'ancien langage bien meilleure et qu'il a eu plus de cent ans pour se préparer à un éventuel affrontement contre ses opposants alors qu'Eragon n'est qu'un jeune Dragonnier qui a bénéficié d'une formation expéditive. En outre, cette comparaison peut être étayée en évoquant l'aide constante reçu par les personnages dans leurs affrontement contre les forces obscures : Harry est sauvé à de multiples reprises par l'intervention de Ron, Hermione ou Dumbledore au cours des romans et de la même façon ici Eragon ne parvient à vaincre Durza que grâce à l'aide d'Arya, à dominer Murtagh grâce à celle de Lupusanghren et des autres jeteurs de sorts elfiques et enfin il ne serait pas parvenu à vaincre le tyran sans la trahison de Murtagh. On peut également noter que dans les deux sagas, le personnage du vieux sage incarné respectivement par Dumbledore et Oromis révèle dans l'avant-dernier tome un secret essentiel sur des artefacts qui doivent permettre de vaincre l'ennemi ; il s'agit des Horcruxes dans Harry Potter et des Elnudaris dans L'Héritage.


Les relations politiques et économiques entre les différentes factions et les différentes races sont restreintes dans ce tome et ne s'épanouissent réellement qu'à partir de l'Ainé. En effet, bien que parfois simplistes et sans aucune mesure avec les tensions et les alliances présentes dans une œuvre telle que Game of Thrones, les enjeux politiques et financiers s'étoffent progressivement et semblent finalement assez crédibles. En effet, de façon évidente, cette saga n'aborde les questions liées à la guerre ou même au fonctionnement de toute société telles que la violence ou la religion avec le même réalisme froid et sombre que l’œuvre de George.R.R. Martin et laisse entièrement de coté certains sujets sensibles tel que le sexe mais elle évoque malgré tout la plupart d'entre elles ne seraient-ce que brièvement. En outre, Paolini fournit une description détaillée des coutumes et des caractéristiques de chaque peuple ce qui permet au lecteur d'appréhender différentes identités culturelles.
On peut conclure en rappelant qu'Eragon puise essentiellement son inspiration dans le Seigneur des Anneaux ( il est difficile de ne pas penser à Minas Tirith lorsqu'on lit la description de Tronjheim ) à travers des lieux, des races et surtout grâce à la présence de trois langues. En effet, cette tendance à nommer les noms de la plupart des choses et des lieux dans la langue des elfes ou des nains et à expliquer leur signification est très présente dans l’œuvre de Tolkien. Cette similitude avec les écrits du légendaire auteur britannique a selon moi souvent desservit Eragon, ses détracteurs ne voyant en lui qu'une pâle copie moderne du Sda. Toutefois, nous avons vu que le cycle de l'Héritage reprend également les thèmes et les enjeux de certaines grandes sagas tels que Star Wars où Harry Potter ce qui explique en partie mon affection pour ce livre puisque je suis moi même un amateur inconditionnel de ces œuvres. Néanmoins, Christopher Paolini parvient pour moi à s'affranchir en partie de ses modèles et à créer un univers assez original et assez vaste où il développe habilement une intrigue qui malgré certaines lacunes irréfutables demeure prenante et divertissante voire passionnante pour peu que l'on soit amateur du genre, que l'on soit un adolescent ou qu'on ait conservé une certaine fraicheur d'esprit ( certains diront naïveté ) propre à cette période de la vie et que l'on ait le temps et l'envie de s'immerger dans ce monde qui s'étale quand même sur plus de 3000 pages.


Voilà, je remercie d'avance les quelques courageux et sympathiques membres qui liront cette critique jusqu'au bout. Critique qui s'éloigne souvent de ce premier tome et part trop souvent dans des considérations personnelles qui peuvent s'avérer inexactes ou incomplètes ce dont je vous prie de m'excuser. N'hésitez pas à la commenter afin que je puisse apporter des corrections ou nuancer mes propos.

gangster_the_pe
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le 1 oct. 2015

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