A trente et un an, Ester est poète et essayiste.
Toute son existence tourne autour de l’écriture, du monde du langage et des idées .


"Elle évitait les situations susceptibles de l'éloigner de ce à quoi elle voulait s'employer :
lire, penser, écrire et discuter"


Per, son compagnon depuis treize ans, l'accepte. Il la laisse faire ce qu'elle veut,


"...comblait ses besoins psychiques et physiques".


« Puis elle reçut un appel téléphonique ».


On lui propose de donner une conférence sur un artiste Hugo Rask.


Plus elle écrit sur cet homme, plus elle est séduite par son sujet d'étude.


"Ce sentiment passa du respect, dimanche, à la vénération, mardi, pour virer au désir sourd, jeudi, puis, vendredi, à un manque douloureux".


Et lorsque la jeune femme rencontre sa chimère, elle l’aime déjà…


Elle découvre la morsure du manque, le besoin d’être avec l’autre, les affres de la passion.


Dans la joie de son amour, elle s'aveugle sur la qualité des sentiments de l'autre.


Cette relation inégalitaire est douloureuse mais peut-être est - ce cette douleur même qui contribue à entretenir la passion d'Ester….


A la manière d'un chirurgien, elle dissèque chaque mot,


"Il blaguait: prometteur.


Elle s'esclaffa; son visage s'illumina : bon signe.


Son air sceptique disparut: excellent.


Mais il changea aussitôt d'appui et jeta un regard à la ronde (moins bon)


qui trahissait sa gêne d'être avec elle (désastreux) ;


il cherchait un prétexte pour partir, une issue pour s'enfuir (catastrophique).


Elle analyse et réanalyse les impressions.
Elle décortique les sentiments réels, ou imaginaires.


Spécule, tout le temps.


Certes, il y a des moments de paix, qui la laisse espérer…


Le calme avant la tempête.


Des moments de douleurs et de crises qui sont tout autant la relation que les moments de partage.


Et elle accepte, subit.


Lena Andersson explore sans concession les failles de ses personnages.


Mais surtout un magnifique portrait de femme, tranchante et résolue,


s’affranchissant de tous ses liens pour voguer vers une destination inconnue,


sans se soucier des préjugés ni des vents contraires…


dans la joie, comme dans la douleur.


Un livre sur la fragilité, le désir, le vacillement, et finalement l’équilibre.

leslecturesdeba
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le 10 juin 2015

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