Et à la fois je savais que je n'étais pas magnifique par Brice B

Publié sur L'Homme qui lit :


Il faut peut-être y voir une coïncidence perverse, mais c’est la seconde fois que je trouve un auteur helvète aussi sublime qu’hétérosexuel. Mais surtout, aussi sympathique que doué, et c’est peut-être ça, finalement, la marque de fabrique d’un écrivain chez nos voisins à l’impassible neutralité. Après Joël Dicker, qui avait fait vibrer le cœur de quelques midinettes – dont votre serviteur – et accompagné un paquet de lecteurs dans les pas de Marcus Goldman, voici que le tout aussi jeune Jon Monnard signe aux éditions L’âge d’homme son premier roman, au titre aussi long qu’intriguant, Et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique.


Coska est un jeune homme à l’étroit dans une école d’arts dont il semble hermétique aux différents codes et comportements. Pourtant estimé brillant par certains professeurs, cette jeune étoile connaîtra le destin de tous les astres soumis à la pression : au bord de l’implosion, il fera le choix de tout plaquer pour se consacrer à sa passion viscérale qu’est la littérature, et surtout l’écriture.


Après avoir remporté un concours d’écriture pour une maison de haute couture réputée, il collaborera en grande pompe avec cette marque désireuse d’intellectualiser son image. Des étoiles plein les yeux, le jeune auteur découvrira à ses dépens un monde aussi hostile que superficiel, fait de faux semblants, de gloires éphémères et de promesses dorées.



Les ignares, les profiteurs se sont entichés de la littérature, de la bohème, de l’intellectualité comme de simples accessoires extérieurs ou des vecteurs d’images, sans grande profondeur.



De son vrai nom Jonathan Monnard, écrivain en herbe depuis ses douze ans, grand lecteur, instagrammeur prolifique et par ailleurs comédien amateur dans la troupe de théâtre Les Culturés, l’auteur s’est dit inspiré par un concours d’écriture organisé par la marque Prada, y voyant là une trame propice à l’écriture de ce roman dont il avait fait la promesse à sa mère quelques années avant son décès.


Préfacé par le célèbre Philippe Besson, ce premier roman est surprenant dans ses thématiques, celle de la fugacité du succès, de la superficialité des apparences, et finalement, celle des illusions perdues. Un court roman initiatique et pourtant terriblement lucide sur la tyrannie du faux semblant dans le milieu de la mode comme dans sa représentation dans les réseaux sociaux, que j’ai lu avec beaucoup de plaisir et auquel il faut reconnaître de belles qualités. Jon Monnard aspire, et je ne le blâmerai surtout pas, à continuer d’écrire, des romans comme des scénarios. On ne demande pas mieux.

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le 17 avr. 2017

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Brice B

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