C'est une histoire de solidarité et de secondes chances ; une histoire d'amitié et de partage entre les générations, entre voisins, membres d'une même famille ou parfaits inconnus.

Quand on fait la connaissance de Ferdinand au début du livre, grand-père un peu bourru, solitaire forcé en mal de ses petits-fils, rien ne laisse présager la véritable révolution qu'il va opérer dans son quotidien et celui de ses proches. Car on comprend très vite que s'il a consacré sa vie à sa ferme et à son travail, il n'en a par moins le regret d'être passé à côté des sentiments.

Marié à une femme qui ne l'aimait pas (et réciproquement), père de deux fils avec lesquels il n'a jamais vraiment communiqué, il avait enfin trouvé dans ses « petits Lulus » la joie de ses vieux jours. Après leur déménagement dans le centre ville, il s'est retrouvé esseulé et ne vit que pour les moments qu'il passe avec eux.

C'est sans compter sur les surprises de la vie, ces hasards qui nous mènent soudain dans une direction inconnue et vont faire de Ferdinand le fondateur d'une bien étrange colonie !

Entraîné par les circonstances (et un coeur de plus en plus grand), il va progressivement installer auprès de lui tous ceux qui en ont besoin, de la voisine sans le sou dont le toit s'effondre à l'étudiante infirmière presque à la rue mais idéale pour fournir des soins aux pensionnaires les plus âgés, en passant par l'ami d'enfance en plein deuil de son épouse tant aimée. La vie de la communauté se met en place au fil des arrivées, l'une entraînant souvent l'autre sans programme pré-établi.

On assiste à quelques moments jubilatoires quand le trio de tête Ferdinand-Marceline-Guy échaffaude des plans pour « convaincre » les nouveaux pensionnaires, ou quand Guy propose pour la gestion de l'emploi du temps son fameux « Organivioc »...S'ajoutent à cela les bons mots des enfants, observateurs malicieux du grand chambardement, et les péripéties des divers animaux de la communauté, Chamalo le petit chat(te ?) ou Cornélius l'âne intelligent au caractère bien trempé.

Alors bien sûr il y a du cliché dans tous ces bons sentiments. Il y a parfois des incohérences, des choses qui paraissent trop belles pour être vraies. On se demande bien quelle petite ville de province est assez grande pour avoir son lycée agricole et son école d'infirmière, tout en étant assez petite pour que tout le monde se connaisse et se retrouve sur la même place centrale ! On se dit parfois que les rapports humains ne sont pas si faciles et que tout « se goupille » trop bien, au rythme effrené de chapitres d'à peine 5 ou 6 pages.

Mais tant pis !

Parce que si les choses étaient un peu plus comme ça dans la vraie vie, le monde ne s'en porterait que mieux... Parce qu'on sourit à presque toutes les pages et qu'on est ému en même temps. Parce qu'on est de bonne humeur en refermant ce livre, et parce qu'on a envie de rencontrer ces papys-mamys d'un genre nouveau, pour qui la colocation se décline en mode retraité.

C'est d'ailleurs le point fort de Barbara Constantine, qui n'a pas son pareil pour rendre ses personnages forts et attachants. On les aime malgré leurs défauts, comme on aimait déjà l'improbable couple transgénérationnel de Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom, son précédent roman.

Il y a un air de Gavalda dans ces pages, et cette histoire aussi aurait pu s'intituler Ensemble c'est tout. Ce qui n'empèche pas d'aborder de nombreux thèmes sociaux, sont beaucoup sont d'actualité, comme le mal-logement, la dépendance des personnes âgées, la grand-parentalité, la gestion du deuil et même l'agriculture biologique ou le déni de grossesse !

Les colocs vont même jusqu'à créer leur site Internet, www.solidarvioc.com (normalement consultable, on vous laisse essayer). La revanche d'une génération en quelque sorte, et des idées à creuser en temps de crise...

S.L.
madamedub
8
Écrit par

Créée

le 18 janv. 2012

Critique lue 363 fois

madamedub

Écrit par

Critique lue 363 fois

D'autres avis sur Et puis, Paulette...

Et puis, Paulette...
PéeOh
9

A bicyclette...

Et puis Paulette c'est une bouffée d'air frais, de la biafine sur les coup de soleil, du miel sur les tartines, du chocolat dans le lait, des coquillages sur la plage, une journée au zoo et des...

le 5 juin 2013

5 j'aime

Et puis, Paulette...
AnK
8

Critique de Et puis, Paulette... par AnK

Ohlalalalalala qu'elle écrit de beaux livres Barbara Constantine! Deux fois que je suis conquise par ses petits livres aux situations plus ou moins crédibles décrivant de petites tranches de vie,...

Par

le 7 août 2013

4 j'aime

3

Et puis, Paulette...
pilyen
5

Paulette, la reine gentillette

Jusqu'à présent, les éditeurs ne semblaient s'intéresser au nombreux lectorat que représentent les seniors qu'en leur proposant des romans vaguement historiques, décrivant la belle vie d'avant, dans...

le 5 mars 2012

3 j'aime

Du même critique

Rien ne s'oppose à la nuit
madamedub
8

Critique de Rien ne s'oppose à la nuit par madamedub

Delphine de Vigan, que l'on avait pu rencontrer avec "Jours sans faim" ou le plus récent "No et moi" signe un nouveau roman, consacré à la vie de sa mère: "Rien ne s'oppose à la nuit", titre emprunté...

le 18 sept. 2011

27 j'aime

2

Le Mépris
madamedub
10

Critique de Le Mépris par madamedub

« Le mépris« , pour beaucoup de gens, c'est avant tout le célèbre film (1963) de J. L. Godard, avec Brigitte Bardot. Mais il s'agit avant tout du livre d'Alberto Moravia, auteur italien réputé entre...

le 4 mai 2012

13 j'aime

1

Sartoris
madamedub
10

Critique de Sartoris par madamedub

Dans l'Amérique du sud qui lui est familière, William Faulkner narre une nouvelle fois les thèmes qui lui sont chers: les grandes familles du Sud déchues par la guerre de Sécession, les communautés...

le 9 févr. 2012

9 j'aime

1