Dix-huit ans. Zuitant. Dix-neuf ans. Zneuvant.

Quand on s'ennuie on digresse, graisse. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, on ne dispose que d’un couple rhétorique pour parler d’une œuvre d’art, qu’il s’agisse d’un film, d’un livre ou d’une musique : à la manichéenne question directe on ne saurait en effet répondre que par oui ou par non. Cependant il serait aisé de croire que le premier est synonyme d’excellence alors que le second annoncerait le pire. L’affirmation d’une question négative (le livre est-il aussi mauvais que le nom de l’auteur laisse le présager ? Oui) est ainsi de mauvais augure alors que sa négation rassure (Non). On remarquera de plus le caractère dominant du trait négatif qui attire à lui la proposition : l’affirmation d’une négation, comme précédemment énoncé, est de ce fait tout aussi amer que la négation de l’affirmation (le livre est-il aussi bien que le nom de son auteur laisse le présager ? Non). Et il n’y a bien que la double négation (négation d’une négation) qui, en s’annihilant, laisse briller l’affirmation. Tout est donc une question de contexte, de point de vue, d’angle, bref, tout dépend de la question. À ce niveau de la critique il convient de révéler (plutôt d’avouer en fait) que je n’ai pas lu le livre en entier, que les quelques pages qui ont bruni mes doigts m’ont largement suffit et que l’accumulation d’attentats de ces derniers jours me ronge les sangs. Dans la théorie, abandonnée par nos politiques, plus que dans la pratique, où ces derniers se vautrent et s’enculent depuis des mois. J’ai peur. Peur que l’arbre, bien trop évident, ne cache une forêt pourtant pas moins dense. Peur que les coupables de ces crimes ignominieux ne cachent les responsables de ce paysage haineux. Peur que l’Orient ne paie une nouvelle fois les errements de la politique étrangère de l’Occident : l’ingérence quand ça l’arrange, l’indifférence quand ça la dérange. Le rapport avec ce qui précédait vous échappe peut-être, mais il existe bien : au-delà de la nature de la question directe, règne un climat, un contexte qui, parfois, peut biaiser la nature de la réponse. En ce moment par exemple, je ne serais pas contre qu’on investisse Marc Lévy de la suprême fonction de scénariste de l’univers. Il faudrait alors imaginer un monde complètement factice, mièvre, stupide, inoffensif, sirupeux. L’affirmation de la négation et la négation de l’affirmation, qui impliqueraient d’une manière générale un refus de l’ensemble, pourraient ainsi se voir avec plus de tolérance. On appelle cela l’empathie.

Pour en revenir au bouquin, à la question « le livre est-il bien écrit », la réponse est non, à la question « l’histoire est-elle intéressante et les personnages attachants » la réponse est encore non et à la question « Marc Lévy est-il un écrivain » la réponse est toujours non. À la question « ceci est-il une critique » je vous saurais gré de le prétendre.