Wonders of a Red Dwarf System.

A quelques 32000 années-lumière de notre Soleil, dans un des bras extérieurs de la Voie Lactée, notre galaxie, se trouve une petite étoile rougeâtre, une naine rouge appelée sobrement l’Étoile.
Elle possède un singulier système planétaire, remarquable car une des ses quatre planètes abrite la vie, elle s’appelle La Planète.
Son orbite elliptique autour de son étoile lui fait connaître de titanesques marées océaniques, cent fois supérieures à celles que nous connaissons, elle lui a également donné cette forme ovoïde, symbole des terribles énergies générées par l’attraction de l’Étoile.
Son ciel est d’un bleu sombre nimbé par cette lumière orangée virant sur le rouge profond dû au rayonnement en infrarouge de l’Étoile.
Elle possède deux satellites dont aucun n’est capable de masquer son étoile, et la Planète connaît des journées de 19 jours, et des nuits de 19 jours…mais plus que tout elle abrite la vie.
Voici résumé en quelques mots la base de l’histoire qui nous est contée dans.
Ouvrage qui emprunte son mécanisme d’écriture au Cadavre Exquis cher aux surréalistes, Exquise Planète est donc écrit à quatre mains. Trois sont celles de scientifiques, l’astrophysicien Roland Lehoucq, l’archéologue Jean-Paul Demoule, et le paléontologue Jean-Sébastien Steyer, la dernière appartenant quant à elle au célèbre écrivain de SF Pierre Bordage. Ensemble ils ont entreprit l’exercice littéraire et intellectuel d’imaginer avec les connaissances actuelles de leur discipline quel chemin aurait pu prendre la vie dans un autre bras de notre galaxie, près d’une étoile différente de la notre, sur une planète singulière située dans ce que l’on appelle la zone habitable, c’est à dire la zone où la vie telle que nous la connaissons est susceptible d’apparaître et de prospérer.
Les trois scientifiques mettent donc en place le décor et les données réalistes de notre histoire, la naissance de l’étoile, puis celle de son système de planète, et particulièrement celle de La Planète, son évolution sur des temps géologiques, et enfin l’apparition et l’évolution de la vie. Enfin il fallait le talent d’écriture et de conteur de Pierre Bordage, pour faire la synthèse de toutes ces informations et raconter une histoire, qui ne sera pas sans nous mettre nous Humains au centre de son récit.

Au final l’entreprise est plutôt une réussite ! Un intriguant voyage imaginaire et éducatif, des visions d’une voûte céleste presque dénuée d’étoile, à la description d’espèces poulpesques aux capacités de cognitions et d’expressions totalement inconnues, Exquise Planète assure le spectacle, le sublime, le dépaysement, ainsi que la projection. Mais aussi agréable et émulant soit la lecture, l’ouvrage n’est pour autant dénué de défaut ; le principal découlant de cette volonté de rester dans le champ du possible, on obtient alors sur les trois premières parties, celles des scientifiques, un résultat littéraire inégal. N’est pas conteur qui veut et si Roland Lehoucq ce grand habitué de la vulgarisation scientifique s’en sort plutôt bien (il faut dire que la naissance d’une étoile et d’un système planétaire avec toute sa démesure et sa magnificence, marque plus les [mon?] esprits que la succession de plaques continentales qui bougent, ou l’apparition et la disparition de formes de vie aussi bizarres que difficilement représentables), nos deux autres scientifiques peinent légèrement plus à faire vivre le récit dans les parties consacrées à la formation de la Planète et à l’apparition de la vie en son sein. Bordage lui livre une sorte de nouvelle, parabole de ce que nous faisons tellement bien en tant qu'espèce, la modification extrême de notre environnement sans égard aux autres formes de vie. Rien de moralisateur pour autant, ce n’est pas un hymne écolo au retour à la terre, juste une mise en superposition, une extrapolation.
Exercice d’équilibriste entre réalisme scientifique et fiction pure, Exquise Planète est un bon représentant de la qualité principale de la SF, faire réfléchir et se projeter tant au niveau des auteurs eux-mêmes, qui ont surement dû cogiter pas mal, que des lecteurs, qui non content de lire une fiction divertissante apprendront au passage deux trois notions de science pure passionnantes, et entreverrons des futurs possibles.