Factotum est un roman de Charles Bukowski publié en 1975. Véritable ogre californien , Bukowski est internationalement reconnu comme étant le chef de file d'un mouvement littéraire -le réalisme sale- qui est , pour résumé , un réalisme sordide où les détails les plus indiscrets et les plus foncièrement inintéressant sont appuyé au point de les rendre...étrangement fascinant. C'est ça Bukowski , et il est intéressant pour cela. Et cela uniquement.
Sous les traits d'Henry "Hank" Chinaski , l'auteur nous invites à partager la vie qui fut la sienne avant de devenir l'auteur , et poète du "pas grand chose". Au grès d'aller retour incessant entre sa cote ouest natale , et le reste du pays , Chinaski va accumuler les boulots minables et les renvois ; les cuites et les baises ; les phases d'espoirs quant à sa carrière d'auteur à l’arrêt et les moments de pur désillusion. Le tout dans un prosaïsme déconcertant , et par moment édifiant.
On dit tout et rien sur Bukowski de nos jours. Beaucoup d'hipsters , ou d'étudiants en lettres modernes en manque d'idoles borderline ont récupéré ses écrits et les ont considéré comme étant éminemment sociaux , ce qui est un fait , mais aussi comme étant les parangons de la bonne littérature. Sans rires , j'ai beaucoup aimé ce livre mais il faudrait sans doute arrêter de voir en cet homme un messie littéraire quelques instants:
Bukowski était un salaud car Chinaski en est un. Et il n'avait pas besoins de cacher ses transes surréalistes derrière une machine à écrire ; il était le genre de mec à déboîter la gueule de sa copine devant des caméras [][1] ou à finir ivre chez Pivot. PIVOT ! [][2]. Ce type était aussi un poète , cela va de soit : furetez YouTube et vous y trouverez des instants de pure poésie venant de ce gaillard. Mais il n'est pas - pour moi en tout cas - ce que l'on peut lire de ci de là , tel que le meilleur écrivain du siècle dernier , ou même un maître à penser. Il était ce qu'il avait toujours considéré être , c'est à dire un type déconnecté de la réalité sociale , de la course à l'emploi constante.
Car son Factotum respire l'instabilité. La vitale instabilité. Votre patron vous emmerde ? Dites-lui en face , et prenez votre chèque. Vous avez des problèmes plus important à gérer , comme vos morpions ou votre réserve d'alcool. En un sens , on se retrouve en Chinaski au moins une fois dans ce roman , c'est inévitable. Il nous effraie quand il est alcoolisé , et il nous fait mourir de rire quand il dit - dans une flegme à peine croyable - ce que cette petite société proprette n'est pas prête à entendre. Ce que nous , bétail facilement éperdu , nous ne sommes pas prêt à dire à nos suzerains , qu'ils soient nos employeurs , nos parents , ou même nos femmes.
Un bien beau défouloir.
Merci , Buk !
https://www.youtube.com/watch?v=r_FmMqMu_9k
https://www.youtube.com/watch?v=047rxy5nYeo