Fahrenheit 451
7.7
Fahrenheit 451

livre de Ray Bradbury (1953)

Fahrenheit 451 : température de fusion d'une lectrice un peu trop passionnée

Cette lecture mais cette lecture ! Je ne sais par où commencer cette chronique qui ne reflétera de toute façon pas l’ampleur de l’impact qu’a eu sur moi cette histoire. L’écriture d’abord est superbe, poétique et fracassante. L’évolution intérieure du personnage, qui transparait dans ses actions mêmes est trépidante. Le décor, au même titre que le système politique n’est que très peu développé. Le lecteur sait qu’il se trouve plongé dans une civilisation menacée par la guerre mais c’est tout. Quid de l’invasion du numérique ? Le lecteur ne sait pas et reste dépassé par les événements comme un Montag qui ne trouve plus sa place dans cette société et qui en vient même à ne plus reconnaître sa femme. Seule échappatoire, et peut être l’élément déclencheur de toute chose : sa jeune voisine Clarisse. Un brin décalée, mais ouverte au monde qui l’entoure, elle parvient à rendre à Montag un semblant de vitalité. Sa disparition m’a au moins autant déçue qu’elle a retiré au pompier la dernière touche de considération qu’il portait au Gouvernement. Les personnages secondaires sont vides de substance, à l’exception de Faber et peut-être des marginaux. Beatty fonde ses paroles sur des citations tandis que Mildred est perdue dans les méandres de la technologie, se balançant entre insomnies et pertes de mémoire. La différence réside sans doute en le fait que les uns se réfugient dans la complaisance du totalitarisme tandis que les autres se battent pour une forme de liberté, ne serait-ce que celle des esprits. Si les deux premiers tiers du livre se déroulent plutôt calmement, le rythme s’affole lors du troisième chapitre et la pression retombe d’un coup. Au lecteur ne reste que les questions soulevées par le récit, et les interprétations qu’il peut en faire, comme il ne reste aux marginaux que les livres qu’ils ont mémorisés et l’espoir de pouvoir aider.
En pleine période d’atteinte à notre culture, à nos idées, la lecture de ce roman met en lumière l’importance même de cette culture et dans une mesure plus précise, l’importance d’un patrimoine littéraire. Peut-être la littérature permet-elle de se souvenir des erreurs à éviter. Peut-être permet-elle de s’évader, de se libérer. Chacun trouvera quelque chose de différent à y répondre, comme je pense que chacun pourra trouver un sens caché à ce roman. Mais si une chose est sûre, c’est que la littérature permet de ressentir, d’éveiller une chose ou une autre chez le lecteur connivent. La nature subversive de la littérature semble finalement ne pas être un mal, mais peut-être le remède à bon nombre de maux. Perdez vous dans les livres, réfugiez-vous de manière générale dans l’art. Vous en sortirez sûrement changés, mais vivants.
Ma chronique ici

Fabledheartless
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 24 mai 2017

Critique lue 228 fois

Fabledheartless

Écrit par

Critique lue 228 fois

D'autres avis sur Fahrenheit 451

Fahrenheit 451
Hypérion
7

LÉ LIVRE SA SER A RI1 É SA PU !

Fahrenheit 451, un des piliers du genre de la dystopie, quoique écrit dans les années 50, entre étrangement en résonance avec notre époque. En racontant l'histoire d'un pompier d'un nouveau genre...

le 3 sept. 2013

104 j'aime

14

Fahrenheit 451
Karrie
8

Monstrueusement contemporain

Fahreneit 451 est effrayant de vérité pour un livre écrit dans les années 1950. Le pitch est plutôt simple : un pompier, Montag, chargé de brûler des livres dont la lecture est considéré comme un...

le 24 oct. 2013

52 j'aime

2

Fahrenheit 451
-Alive-
5

Incomplet et surestimé

Il y aura du SPOILER dans cette critique. À la sortie de ma lecture je ressortais avec une légère déception qui n'allait qu'en grandissant au fil du temps pour devenir aujourd'hui un misérable 5/10...

le 19 mars 2014

50 j'aime

3

Du même critique

Nos étoiles contraires
Fabledheartless
8

Des larmes mais des sourires

J’ai tout de suite été happée par l’histoire, et j’ai terminé le roman très rapidement. L’écriture est simple, sans temps morts et nous confronte aux divers problèmes qu’induit la maladie : les...

le 24 mai 2017

2 j'aime

Intelligences
Fabledheartless
8

C'est comme Les âmes Vagabondes mais en moins niais

Une lecture en deux temps qui me fait penser que j'ai bien fait de m'accrocher, c'est ce qui me reste de cette lecture. Et c'est sans hésitation aucune que je recommande d'ores et déjà ce livre à...

le 20 juin 2017

1 j'aime

Chimeterre (1) : L'Aurochs rouge
Fabledheartless
9

Un sans faute pour la Chimère

J'ai eu besoin de pas mal réfléchir à la chronique que j'allais pouvoir publier. Malgré les notes que j'ai pu prendre durant la lecture pour être sûre de ne rien oublier, arrivée devant mon...

le 14 juin 2017

1 j'aime