Relève horrifique
Prenant le soin de cacher son nom mais restant dans le domaine du roman horrifique, tout était fait pour que l’on ait une opinion détestable de Joe Hill (soit plutôt Joe King, fils de Stephen King, donc). En effet, comment passer décemment derrière le maitre de l’horreur et se faire valoir sous son propre nom, alors même que les accusations réelles ou fantasmées de l’emploi de nègres par l’illustre écrivain de Bangor sont légions ? Le risque est énorme.
Et pourtant.
Le recueil Fantômes – histoires troubles est l’un des plus jolis recueils d’histoires fantastiques qu’il m’ait été donné de lire depuis longtemps. Pas au niveau d’un Buzzati, faudrait quand même pas déconner, mais clairement dans la veine des grands de la nouvelle, comme Stephen King justement mais aussi et surtout des auteurs plus intimistes comme Theodore Sturgeon.
En effet, l’avantage de ces histoires troubles est la surprise. Ce n’est pas forcément et seulement un recueil d’histoires d’épouvantes ou horrifiques, qui tournent assez souvent en rond. On est loin d’un recueil à la Clive Barker, de qualité mais sans renouvellement. Non, ici, on navigue entre des histoires d’épouvantes classiques, des réinterprétations de grandes œuvres comme la bête kafkaienne transportée dans le monde lycées en lorgnant plus du côté du Rage paternel que vers Carrie mais aussi une jolie narration autour des syndromes autistiques.
Bien rédigé, dans le style américain très page-turner, parfois un peu fruste mais diablement efficace, les nouvelles font remonter cette passion pour la culture populaire. Celle qui lorgne à la fois vers les classiques de l’épouvante en rendant Hommage à Van Helsing mais tout autant au cinéma des années 30, à Tim Burton (comment ne pas faire écho à la triste histoire du petit enfant huitre et à tout l’univers en relisant Pop Art.
L’organisation surprise entre les différents styles des 16 nouvelles toutes plutôt courtes saura ravir tant les passionnés, les fans de pop culture américaine ou non, mais aussi ceux qui lisent moins. Peut être un peu moins les trop exigeants, on est plus sur du plaisir immédiat que sur du trop cérébral, mais ce n’est pas vraiment le but d’un recueil fantastique.