Grâce (ou à cause) des films adaptés entre 2008 et 2012, est-il encore nécessaire de présenter la saga Twilight de Stephanie Meyer ? Après avoir soupiré de longues heures et râlé tout son soul devant lesdits films, on s'est confronté à la horde de lecteurs assoiffés (pas de sang) qui nous on renvoyé, à chaque argument dépréciatif, le célèbre "mais fallait lire le livre, c'est mieux expliqué dedans". Qu'à cela ne tienne, on a remonté nos manches (et chaussé nos lunettes) pour s'attaquer à ces quatre énormes tomes de 500 à 700 pages de littérature romantique fantastique pour public adolescent. Alors, ce Fascination, nous a-t-il fasciné ? Non. Mais pour parler franchement : on a eu moins mal aux yeux que prévu. Certes, on se sent carrément trop âgé pour le récit si l'on a dépassé la vingtaine (les dialogues semblent droit sortis d'un feuilleton jeunesse) et on remarque vite que le public-cible est féminin (n'interdisant évidemment pas la gent masculine d'aimer). Mais ce qui nous a surpris, c'est la psychologie bien justifiée du vampire Edward : là où l'on a l'impression qu'il est un prétentieux de parvenu dans les films (oui, on n'a pas aimé), on découvre en réalité un bon gars droit dans ses bottes dans le livre, bien plus abordable pour le lecteur. En revanche, avant de se plonger dans la psyché du bonhomme, il faut systématiquement se coltiner des avalanches de descriptions flatteuses, ultra-excessives (il a bonne haleine, on nous le répète quatre ou cinq fois... Utiliserait-il Colgate ?) et lourdes (oh le beau torse tout blanc, oh les beaux yeux qui changent de couleur,...) qui ne sont là que pour donner chaud aux jeunes filles en fleur. Du côté de chez Swan (Bella), on aurait préféré ne pas avoir lu ce Fascination, tant elle est insupportable à chaque mot et chaque pensée qu'elle a, l'entièreté du livre étant basé sur son point de vue (infernal). Nous avons donc une jeune fille qui se dévalorise toutes les deux minutes (je suis maladroite, je suis moche, je suis faible...) ce qui nous gonfle vite et pire, donne cette impression qu'elle tombe amoureuse du seul gars qui la fuit (alors qu'un bon copain lui tourne autour) pour continuer son délire de victimisation. On se doute que ce n'est pas le cas, que le coup de foudre est sincère, mais dans l'abondance de jérémiades (fait-elle un concours avec Caliméro ?) on ne peut s'empêcher d'y penser. Faisons bref pour ce personnage qui n'en vaut pas la peine : on a fini par préférer la version filmique (la statue froide interprétée par Kristen Stewart, qui fait le tronche tout le film). Pour ce qui est de l'intrigue, ce premier tome est léger sur ses enjeux, se concentrant plutôt à nous présenter ses personnages qui se rencontrent (et s'aiment, puis non, puis oui), jouer au base-ball, éliminer un vampire gênant, et surtout détailler les règles que l'autrice veut mettre en place sur sa mythologie (les vampires qui brillent au soleil, qui ont des coups de foudre irréversibles - ils sont "fascinés", d'où le titre - sur certains êtres humains...) qui sont à contre-courant de ce qu'on a l'habitude de voir, mais ne choque pas pour autant (chaque culture a ses croyances sur les vampires ; et puis cela change...). On a assez apprécié ces explications plus poussées que dans les films (ne le répétez pas aux lecteurs qui diront "on te l'avait bien dit"). On terminera cet avis de Fascination en avouant que le style d'écriture de Stephanie Meyer est...atroce. On pense qu'elle est payée à l'adverbe, tant on se noie à chaque phrase avec tous les adverbes qui alourdissent même les syntaxes les plus simples, et évidemment (tiens, on s'y met nous aussi) le traducteur a bien du mal à les diversifier (le dictionnaire n'est pas magique), on tombe donc régulièrement sur les mêmes adverbes et adjectifs (on adore "marmoréen", dégainé à toutes les sauces). Et note au traducteur : "battre au poteau", ça n'existe pas. Un joli petit "Google Trad" littéral de cette expression anglaise, au lieu de réfléchir et faire correspondre à "coiffer sur le poteau" (ou "au" poteau, à la limite), sinon cela ne veut rien dire (on l'entend plusieurs fois tout au long de la saga, tome 4 inclus... Mais que font les correcteurs français ?!). On a d'abord bien ri en l'entendant, puis on a soupiré les fois suivantes. Fascination est donc réservé à un public-cible d'adolescentes ou d'amateurs de romances niaises, qui aura tout de même le mérite de nous avoir fait apprécier le personnage d'Edward, et rêver d'étrangler celui de Bella.