Fictions
7.9
Fictions

livre de Jorge Luis Borges (1944)

"Fictions" se présente à moi avec une réputation impressionnante, mes éclaireurs, personnes avisées, vouent à ce livre un culte sans partage, aussi, c'est avec pas mal de déception que je suis obligé de reconnaître que je ne fais pas pas parti des adorateurs de cette secte.

Le livre, partagé en deux parties assez différentes est composé de nouvelles aux thèmes souvent proches et dont l'ensemble reste très cohérent. La première partie, "Le Jardin aux sentiers qui bifurquent" est composée des nouvelles les plus ambitieuses et, à mes yeux, comme à ceux de son auteur, des plus maladroites. De cette lecture finalement assez vaine et ennuyeuse, je garde quelques belles intuitions dans "la loterie à Babylone" et "la bibliothèque de Babel", intuitions qui restent mal utilisées. J'ai bien aimé aussi le début de "Tion Uqbar Orbis Tertius", avant que l'auteur ne se fasse écraser par le poids de son récit. A noter que la dernière nouvelle, qui donne son nom à cet ensemble, est assez brillante, même si la maladresse persiste.

Heureusement, la seconde partie, "Artifices", m'a semblé plus réussie, plus légère aussi, beaucoup moins ambitieuse également. Petites nouvelles parfois fantastiques et parfois policières qui empruntent beaucoup à Chesterton et De Quincey, à Bloy, aux récits hassidiques, à Stevenson, à Poe, aux mille et une nuit aussi. Emprunts revendiqués par l'auteur dans une courte préface ou encore au sein même des nouvelles, référencées jusqu'à la pédanterie.

La plupart se lisent sans déplaisir et même, parfois, avec intérêt, ce qui explique ma note généreuse. "Funes ou la mémoire", que certains éclaireurs taquins m'ont renvoyé en miroir n'a pas fait vibrer en moi la reconnaissance du ventre.
Quelques histoires policières mystiques de bonne facture surnagent ici et là, sans atteindre le grand Chesterton, mais la sensation de redite devient parfois pénible.

Pour le mélange de références fictives et réelles, les thématiques littéraires appuyées et le côté potache, on comprends pourquoi les oulipiens ont vénéré le bonhomme, mais ce n'est pas bon signe.

Restent quelques belles fulgurances et un humour pince-sans-rire parfois rafraîchissant.
Torpenn
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le 20 févr. 2011

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Torpenn

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