Firmin, autobiographie d'un grignoteur de livres par BibliOrnitho

Firmin est un petit rat de librairie. Au sens propre tout d’abord : il est un rongeur, dernier né d’une fratrie de treize rejetons ayant vu le jour (si je puis dire) dans le sous-sol d’une librairie. Au sens figuré ensuite, car Firmin va rapidement découvrir et lire abondamment les livres. Il va commencer par s’en nourrir (toujours au sens premier du terme) : se faire les dents dessus, se remplir les joues et l’estomac, se sevrer du lait maternel. Ensuite, il apprendra à les lire plutôt qu’à les dévorer. A les manger, devrais-je dire. Car pour ce qui est de les dévorer, Firmin va continuer : il lit à une vitesse folle, de façon boulimique. Il devient plus littéraire que le libraire. D’une érudition inhabituelle pour un rat.


Firmin assiste à la mort de son quartier, un coupe-gorge sordide du vieux Boston. Un quartier peu à peu déserté par les humains, colonisé par les rats, les ivrognes et les dealers. Firmin répartit son temps entre les entrailles de la boutique qui l’a vu naître et le cinéma du coin qui donne des films 24h sur 24 (porno à partir de minuit).


Du haut de ses quelques centimètres de haut, Firmin analyse la société des rats dans le monde humain, la société humaine dans le monde. Et analyse copieusement sa place dans tout cela. Car c’est surtout de lui que Firmin parle. Vaniteux jusqu’au bout des ongles, égocentrique, narcissique, Firmin s’écoute beaucoup parler.


Car j’ai trouvé ce rat fort ennuyeux. Parfois désagréable, prétentieux. Imbu de lui-même. Certes, le livre est original (encore que Luis Sepulveda avait déjà écrit son histoire avec la mouette et le chat, et dans un autre genre, Bernard Werber, ses fourmis). Certes, c’est parfois drôle, amusant. Mais ce qui domine, c’est le pessimisme de ce rat, ce sont les ténèbres des caves, des greniers, l’humidité des caniveaux, la saleté des égouts. L’atmosphère est pesante et il m’est désagréable de tout contempler d’une hauteur ne dépassant pas les chevilles d’un homme normal.


Le texte de Sam Savage est riche, parfois un peu trop lyrique. Mais je l’ai globalement trouvé peu intéressant, sans âme particulière. Au final, un livre qui se lit sans trop d’ennui, mais sans aucun passion non plus. Un bouquin que j’ai été heureux de terminer.

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le 13 avr. 2015

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