J'ai beaucoup aimé le premier tome de la Fondation sur le fond, moins sur la forme. J'ai toujours eu du mal avec les nouvelles, celles-ci m'empêchant de m'attacher profondément aux personnages. On a pas le temps de les explorer de long en large qu'ils prennent la fuite, insaisissables et parfois même incompréhensibles tant leurs descriptions manquent de détails. On ne peut que supposer sur leur caractère et leur personnalité. C'était à vrai dire le principal défaut qui taraudait dans le premier tome, un défaut que je n'ai pas retrouvé ici pour ce second récit de l'histoire de la Fondation.

Nous voici donc au fin fond de la galaxie, toujours sur Terminus. La Fondation qui tient sa base sur cette planète prospère tient le coup grâce à la ferveur toute religieuse que les planètes vassales lui dédient et l'hégémonie économique due à l'avantage comparatif ricardien symbolisé par la connaissance ultime de l'utilisation de l'énergie atomique. Cette Fondation est a priori aussi pérenne que le capitalisme : elle a été prévue, conçue pour ne jamais s'écrouler comme un château de cartes.

Dans la première histoire, un général ambitieux tente au nom de l'Empire Galactique d'attaquer cette Fondation dont il a l'intuition qu'elle pourrait se révéler à terme dangereuse pour l'ancien système. Dans la seconde histoire, la plus longue, la plus intéressante, un homme débarqué de nulle part, appelé le Mulet conquiert peu à peu planètes, étoiles et systèmes d'une façon aussi mystérieuse que son sobriquet, jusqu'à inquiéter la Fondation elle-même. Résiste-t-elle toujours ? Là vient la surprise : Asimov possède le talent de comprendre malgré un style littéraire très pauvre (j'ai rarement lu scènes d'amour aussi mal écrites) les enjeux globaux qui peuvent saisir toute une population, même si ici l'échelle est démultipliée par le nombre de systèmes galactiques. Les histoires, deux, plus longues, plus fournies permettent de mieux comprendre chacun des personnages. A style littéraire sans fioritures, lecture rapide : le premier tome se lisait vite, celui-ci n'échappe pas à la règle. L'intérêt reste le même, stagne puis augmente à mon sens en flèche à la fin dans la mesure où il était difficile de prévoir la tournure des évènements.

J'aurai bien mis 8 à ce tome, j'ai préféré en rester à 7 pour une raison précise. Autant j'ai lu avec avidité ce second tome de la Fondation, autant je suis exaspérée par la misogynie permanente de son auteur. J'ai déjà eu du mal à avaler la pilule de l'absence totale de femmes dans le premier tome (c'est la première fois de ma vie que je lis un livre où les femmes n'existent pas, à l'échelle galactique, c'est problématique), mais comment expliquer que dès qu'un personnage féminin est mis en scène il est décrit avec autant d'adjectifs négatifs ? Elles chouinent, elles font la cuisine, elles fument des cigares, ce qui est jugé comme scandaleux par un des personnages. Rien n'est anodin, et ces descriptions restent une grosse tâche pour moi dans un cycle dont la qualité et l'avant-gardisme est avant tout indéniable.
-Ether
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le 9 mai 2014

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-Ether

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