Vas-y Franky, c'est bon

Ce titre m'interpelait avant de lire le livre : Frankenstein (le sous-titre de Prométhée a été ajouté par la suite). Pourquoi pas Le Monstre de Frankenstein ? On comprend en lisant que c'est bien le docteur Frankenstein qui est le sujet du livre, quand son monstre n'est qu'un objet (il n'a d'ailleurs aucun nom) seulement utile à montrer la vanité de son créateur.

Le roman est donc à peu de choses près un flot de pensées du docteur, occupé en lamentations incessantes sur son sort, en remords, en auto-flagellation. A tel point qu'on perd un peu de sa sympathie initiale et qu'on finit par se dire : quand même docteur, vous auriez pu y penser avant non ? C'était peut-être un des buts de Shelley : montrer qu'il faut y penser avant. Admettons qu'elle ne lésine pas sur les tragédies pour appuyer son propos.

Toujours est-il que Frankenstein est un roman d'une portée symbolique incroyable, qui frappe l'imagination comme très peu, surtout parmi ceux écrits à cette époque. On ne se rend peut-être pas compte de ce qu'il a apporté au genre, des rêves et des cauchemars qu'il a engendrés.

D'ailleurs, l'idée de Frankenstein vient elle-même d'un cauchemar de Shelley. C'est en quelque sorte du Inception avant l'heure : un cauchemar (du lecteur) dans un cauchemar (du récit) dans un cauchemar (de l'auteur). Shelley aussi est une Prométhée moderne : une merveilleuse créatrice de cauchemars.